Genève, devant le monument en souvenir des victimes du 9 novembre 1932, le 9 novembre 2024
Treize morts, soixante-cinq blessés : celui du 9 novembre 1932 est sans l’ombre d’un doute le fait d’armes le plus sanglant qu’ait connu l’armée suisse.
Le plus sanglant, mais pas le seul.
Dans ce pays né d’une campagne militaire, celle contre le Sonderbund, le recours à l’armée pour garantir l’ordre, un certain ordre, n’a rien d’exceptionnel.
Depuis juillet 1875 quand elle a tiré sur les ouvriers du Gothard en grève contre les conditions inhumaines dans lesquelles ils excavaient le tunnel jusqu’à l’occupation militaire du Jura en 1968, les exemples sont nombreux.
En 1918, durant la grève générale, Zürich est occupée par 20’000 soldats. Et c’est le pistolet pointé sur la tempe par des officiers de l’armée que les conducteurs de locomotives sont obligés de remettre en marche leurs engins.
Et si, au début des années 1980, le recours à la troupe était évoqué pour mettre fin à l’occupation du chantier de la centrale atomique de Kaiseraugst, il s’est encore trouvé, il y a moins de dix ans, un conseiller d’Etat genevois pour fantasmer l’intervention de l’armée contre la grève du personnel des TPG !
Cette logique d’imposition et de maintien d’un certain ordre par les armes n’est de loin pas une spécificité suisse. Elle fait partie du système.
A l’échelle internationale, c’est pour « garantir les voies d’approvisionnement », selon les ministres de la défense du G7 réunis le 18 octobre à Naples, qu’une vaste campagne de réarmement est lancée sous les auspices de l’OTAN.
L’augmentation à hauteur de 2% du PIB des pays membres et la dite « interopérabilité » de leurs armées et de celles des pays partenaires -la Suisse en est un, puisqu’elle a signé avec l’OTAN un « partenariat pour la paix »- sont les axes de cette remilitarisation.
Ils ne sont pas les seuls : le dispositif prévoit également le déploiement massif de forces en Europe, notamment l’installation de centaines de missiles en Allemagne qui pourrait entraîner une réponse atomique de la part de la Russie.
Sur une planète où l’insécurité est devenue presque partout la règle, le réarmement n’apporte en rien la sécurité, bien au contraire !
En novembre 1932, le maintien de l’ordre avait coûté la vie à treize manifestants ; aujourd’hui, avec la dissémination des armes atomiques, le prix du maintien militarisé de l’ordre mondial pourrait avoir des conséquences cataclysmiques.
Comme l’a dit le secrétaire général de l’ONU, « l’humanité n’est qu’à un malentendu ou à une erreur de calcul près de l’anéantissement nucléaire ».
Le désarmement à l’échelle mondiale est plus qu’une nécessité, urgente, essentielle, peut-être vitale !
Ici aussi, nous pouvons y contribuer :
– en nous mobilisant contre la hausse des budgets de cette armée qui nous coûte déjà aujourd’hui 22 millions de francs par jour !
– en dénonçant l’illusoire sécurité suggérée par le discours militariste !
– en s’engageant fermement contre le rapprochement de plus en plus avancé de la Suisse à l’OTAN, une OTAN qui vient d’ouvrir une antenne à Genève, à quelques encablures du siège du CICR !
– en défendant le Service civil auquel la majorité du Parlement veut réduire l’accès !
– et en obligeant le Conseil fédéral à rejoindre -ainsi que l’a préconisé la majorité des Chambres fédérales- les plus de 120 pays qui ont déjà ratifié le TIAN, le Traité pour l’interdiction des armes nucléaires.
Pour cela, je vous invite à signer l’initiative en ce sens soutenue par le GSsA.
Et à nous rejoindre le GSsA qui se réunit à Genève tous les quinze jours !
Paolo Gilardi