Le 5 juin dernier, l’atterrissage d’avions de combat sur l’autoroute A1 près de Payerne a été retransmis en direct à la télévision suisse. Cette retransmission en direct a été le point culminant de l’actuelle campagne de sensibilisation pour un réarmement encore plus important. Le matraquage médiatique se déroule également à d’autres niveaux.
Depuis l’éclatement de la guerre en Ukraine et au Proche-Orient, l’appel au réarmement lancé par le lobby des armes et les politiciens qui lui sont proches* est un thème récurrent. Alors que l’on économise sur l’aide au développement, la « capacité de défense de l’armée suisse doit être renforcée de manière conséquente dans tous les domaines d’action ». L’armée se voit actuellement attribuer des moyens financiers dont les conséquences sont peu claires. Nous allons tous en faire les frais. Que ce soit dans des domaines comme la formation, la culture, les infrastructures ou la lutte contre la crise climatique.
Pour préparer le terrain à cette politique financière, il faut une sorte de « sentiment d’alarme ». Les citoyens doivent se sentir concrètement menacés et pour cela, il faut une rhétorique adaptée. Le politicien UDC Werner Salzmann souhaite que la Suisse se prépare à une « attaque globale » et au « pire des cas », c’est-à-dire par exemple à une « attaque terrestre ». Des termes tels que « lacunes ouvertes dans les capacités » ou « rétablissement de la capacité de défense » sont utilisés de manière inflationniste. Selon Armasuisse, il manque à l’armée un milliard de francs rien que pour l’année prochaine afin d’investir dans la « reconstruction » de l’armée. La politicienne du centre Andrea Gmür estime qu’il est « absolument impératif » que nous nous préparions à une « urgence ». Des idées d’un « impôt de défense » séparé sont colportées ou il est question “d’emprunts de défense ». La population et l’industrie doivent pouvoir acheter des « titres d’armement ». Tout le monde doit pouvoir participer au financement de l’équipement. Un peuple uni au service de l’armement.
Les enfants aussi doivent se mettre en retrait
Andrea Gmür va encore plus loin en faisant intervenir ses enfants : « L’armée n’a pas assez de munitions, pas assez d’armes valables et les systèmes arriveraient en fin de vie. Elle ne veut pas envoyer ses enfants à la guerre dans une telle situation ». Cette rhétorique alarmiste vise à susciter un sentiment d’inquiétude au sein de la population. D’un côté, l’ennemi qui peut nous tomber dessus à tout moment, de l’autre, l’armée suisse qui se retrouve « nue » et « affamée ». Il est clair que la création de l’ambiance fait partie des affaires politiques et qu’elle fait partie du travail politique dans tous les camps. Il est important de les comprendre et de les classer. Nous avons encore un conseil à donner à Andrea Gmür : nous apprécions le fait que vous ne vouliez pas envoyer vos enfants à la guerre. Faites en sorte que vos enfants refusent de faire leur service militaire ou leur service civil. Vous aiderez ainsi davantage vos enfants et la société que si vous veilliez à ce qu’ils grandissent dans un monde où l’armement est encore plus présent. Merci pour cela.