Appel de Bellinzona

“Une Suisse sans armée” n°33, printemps 1997, p. 6

Discussion

Appel de Bellinzona pour une Suisse sans armée

On se rappellera que la première proposition de la nouvelle initiative pour l’abolition de l’armée comprenait la possibilité de maintenir une unité armée de 800 hommes pour des «missions de maintien de la paix». Nombreux sont ceux qui ont critiqué cette proposition contradictoire et compromettante.

Le nouveau texte, adopté en votation de consultation par l’assemblée générale du GSsA à Berne le 24 novembre 1996, ne contient pas d’indications précises sur la création d’une unité armée de ce type. Par contre, il laisse résolument ouverte la possibilité d’aller dans cette direction (art. 17, al. 2 et art. 23 al. 3).

La forme a été atténuée, mais l’orientation générale n’a pas changé. Le GSsA de la Suisse italienne demande donc à tous les pacifistes et antimilitaristes d’intervenir pour rouvrir la discussion sur ce thème et propose que l’Assemblée générale du mois de mars prochain revoie le texte en enlevant les passages qui permettent aux autorités fédérales d’instituer tout type de force armée.

Il suffirait de tracer deux phrases du texte:

  • art. 17 al. 2, deuxième phrase: «Restent réservées les dispositions légales qui concernent la participation de la Confédération à des efforts internationaux en faveur de la paix à l’extérieur de la Suisse.»
  • art. 23 al. 3: «Après l’acceptation des dispositions des art. 17 et 18 par le peuple et les cantons, le Conseil fédéral peut soumettre au Parlement un projet de loi qui règle la participation de la Suisse à des interventions pour le maintien de la paix conduites par des organisations internationales. Une telle loi doit être soumise au référendum obligatoire.»

Nous n’allons pas nous allonger sur les motivations: ce sont les mêmes qui justifiaient un refus décidé de la mini-armée de 800 hommes. Le GSsA n’est pas né pour abolir une armée obsolète, hypertrophiée et inefficace (la vieille armée nationale), mais pour abolir l’armée en tant que telle. Ce n’est donc pas la tâche du GSsA de «jeter des ponts» vers le militarisme du troisième millénaire, celui des actions de «police internationale» et de l’imposition armée de la paix, menées par des organisations supranationales contrôlées par les puissants de la terre.

La tâche du GSsA est de détruire les ponts vers le militarisme. Il est probable que certains considèrent l’ouverture ambiguë contenue dans le texte d’initiative comme un geste tactique habile qui tend à attirer la faveur de secteurs «modérés» et pour donner à l’extérieur une image de sérieux et de responsabilité.

Pour nous, ce choix apparaît comme étant contre-productif et dangereux, qui risque de diviser le mouvement antimilitariste dès le début, en éloignant tout de suite beaucoup de gens de la récolte de signatures et du soutien actif à l’initiative.

Nous invitons les groupes et les militants qui partagent notre position à nous la communiquer au:

GSsE, via Seminario 1, 6900 Lugano


Commentaire:

La discussion avec les Tessinois: on peut encore l’améliorer!

La proposition de laisser ouverte, après l’abolition de l’armée, la discussion sur une éventuelle participation suisse à des efforts internationaux pour la paix est encore en discussion.

Les soucis des Tessinois qui ont lancé cet appel ne sont pas nouveaux, et d’autres les partagent encore , à l’intérieur comme à l’extérieur du GSsA, même si un consensus assez large a pu être vérifié sur cette question à l’AG du 24 novembre 1996 à Berne.

Le 1er mars, le GSsA-Tessin a organisé une discussion sur cette question, à laquelle ont également participé des membres du groupe de travail qui avait préparé les différents textes qui ont abouti à celui qui a été adopté en novembre.

La discussion a abouti à deux résultats importants:

  1. Les accusations et les mauvaises intentions que l’appel prête à celles et ceux qui ont soutenu le texte actuel ont été balayées. On est maintenant d’accord que la proposition controversée ne découle en aucun cas d’une volonté de «jeter des ponts vers le militarisme,» mais plutôt de la volonté de maintenir ouverte la discussion sur des thèmes sur lesquels une partie très importante du mouvement pacifiste et antimilitariste n’a pas de réponse absolue et fondamentaliste à donner.
  2. Les participants à la discussion ont aussi convenu d’un calendrier pour la suite qui est le suivant:

AG du 23 mars: priorité donnée à la discussion sur la deuxième initiative pour le service civil pour la paix.

avril-juin: discussion large et intense dans et autour du GSsA sur le texte de la première initiative, sur la base du texte actuel.

mi-juin: rencontre au Tessin pour apporter des améliorations (éventuelles, possibles) à ce texte.

été: préparation pour arrêter définitivement les textes des deux initiatives pour l’AG de septembre 1997, suivie d’une campagne de mobilisation pour être en position de lancer les deux initiatives en mars 1998.

Evidemment, les choses peuvent également aller plus vite, mais cela dépend de l’engagement de toutes et tous les intéressé(e)s à participer à ce processus.

Tobia Schnebli

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