Argent des oligarques et profits excédentaires pour l’Ukraine

La Suisse a armé Poutine. Elle a une dette envers l’Ukraine.

La guerre de Poutine contre l’Ukraine provoque la mort de milliers de personnes et cause des dégâts immenses en Ukraine. Fin 2022, les coûts de reconstruction étaient estimés à 750 milliards de francs. Poutine détruit l’Ukraine avec une machinerie de guerre à laquelle la Suisse a beaucoup contribué – et le fait toujours. Sans les milliards venant du commerce de matières premières, des oligarques et des banques, Poutine ne pourrait probablement pas financer cette guerre. Et sans les biens à double usage venus de Suisse, ses bombardiers peineraient à décoller. 

Capitalisme mélangé au KGB et à la mafia

L’Ukraine, les pays d’Europe de l’Est, mais aussi les États-Unis demandent que la Suisse utilise une partie des fortunes d’oligarques qui sont placés notre pays et qui s’élèvent à environ 200 milliards – et ils ont tout à fait raison. Dans ce contexte, les droits sacro-saints à la propriété si souvent soulignés par les partis bourgeois peuvent être fondamentalement remis en question. Car les oligarques ne doivent leur richesse qu’à un système que Catherine Belton sécrit comme une combinaison de capitalisme, KGB et crime organisé dans son livre long de 700 pages intitulé Les Hommes de Poutine (Harper Collins 2020 pour la version anglaise, Talent Éditions 2022 pour la version française).

Et n’oublions pas les 10 milliards de réserves de la banque centrale russe entreposés en Suisse. De plus, des contributions importantes peuvent être attendues de la Confédération, des cantons et des communes où le poutinisme économique s’est le plus répandu.

Taxer les bénéfices extraordinaires des multinationales

Une source de financement pour la reconstruction qui n’a été que peu mentionnée jusqu’à maintenant est la taxation des superprofits réalisés grâce à la guerre. La réduction de l’offre de gaz, de pétrole et de charbon ont permis aux entreprises de matières premières et d’électricité de réaliser des bénéfices extraordinaires record. Quelques exemples : l’entreprise Glencore, basée à Zoug, affichait un bénéfice extraordinaire d’environ 10 milliards de dollars dans la première partie de l’année. Les entreprises Trafigura, Gunvor et Vitol, toutes basées à Genève, ont également augmenté leurs bénéfices, passant de 8 milliards en 2021 à 9 milliards pour la première moitié de 2022. Au total, les profiteurs de la guerre en Suisse devraient avoir augmenté leurs bénéfices de bien plus de 50 milliards de francs l’année passée. 

L’impôt extraordinaire est un instrument qui avait déjà été utilisé pendant les deux guerres mondiales, où les États-Unis avaient introduit une windfall tax. Les bénéfices réalisés grâce à la guerre étaient soumis à un taux d’imposition de 95%. En 2022, différents pays, notamment la Belgique, l’Italie, l’Espagne, la République tchèque et le Royaume-Uni ont introduit ou annoncé ce genre d’impôts. En Suisse, le député vert Balthasar Glättli a déposé une initiative parlementaire pour la création d’une telle taxe. Les mêmes politicien.nes qui soutiennent directement ou indirectement Poutine s’y opposent toutefois. 

Les recettes réalisées grâce à cet impôt pourraient s’élever à plusieurs dizaines de milliards. Une partie de cet argent pourrait de plus être utilisée pour amortir le choc de l’augmentation des prix de l’énergie pour les ménages ou pour renforcer la protection du climat. Nous pourrions donc combiner la solidarité avec l’Ukraine, l’investissement dans le social en Suisse et la protection de l’environnement.