Civiliser complètement Ruag 

Les dernières semaines ont été une révélation du chaos qui règne chez Ruag, notamment de sa collaboration catastrophique avec le DDPS. Dans ce contexte, Ruag ne semble pas maîtriser sa politique d’exportation de matériel de guerre, ce qui pourrait avoir des conséquences fatales. Le GSsA exige donc la ‘civilisation’ complète, c’est-à-dire l’abandon du domaine militaire et la concentration sur la partie civile du groupe Ruag.

Chaos chez Ruag

L’histoire commence avec le groupe allemand Rheinmetall, qui voulait acheter 96 chars Leopard 1 appartenant à Ruag et se trouvant en Italie, les remettre en état et les livrer à l’Ukraine. Pourtant, 25 de ces chars avaient déjà été vendus il y a des années à un autre groupe allemand. Vendus, de surcroît, au prix unitaire de 500 CHF. À titre de comparaison, Ruag avait acheté ces chars à l’époque pour un prix de 45’000 CHF par pièce. Ce qui ressemble à une nouvelle mauvaise blague dans le domaine de l’armement suisse est malheureusement une réalité. “Ruag est un groupe dont la Confédération est l’unique actionnaire. La communication semble toutefois plus que déficiente, aucune autre entreprise appartenant à l’Etat ne pourrait se permettre un tel faux pas”, déclare la secrétaire du GSsA Pauline Schneider.

Le fait que les deux institutions aient lancé une enquête externe avec les mêmes questions est emblématique de la collaboration dysfonctionnelle entre la Confédération et Ruag. De plus, il s’est avéré qu’une enquête pour corruption était en cours depuis un an et demi en Allemagne concernant l’achat des 25 chars Leopard, entre autres contre un ancien collaborateur de Ruag. Pauline Schneider estime à ce sujet : “Accusations de corruption, affaires avec des pertes de plusieurs millions, communication opaque et faux pas publics, Ruag manque de professionnalisme. Une focalisation sur la production civile ne favoriserait donc pas seulement la politique de paix globale, mais préviendrait également la Suisse de s’éviter de perdre la face au sein de la communauté internationale”. Ce n’est que récemment que la directrice de Ruag, Brigitte Beck, a quitté son poste après avoir appelé, lors d’un podium, à violer le droit de la neutralité et à livrer du matériel de guerre en Ukraine. 

Le GSsA exige la civilisation

Ces dernières années, la part du chiffre d’affaires de Ruag réalisée dans le domaine civil a augmenté de manière significative. Alors qu’il y a 15 ans, elle était d’à peine 50%, elle est aujourd’hui de plus de 80%. Cette évolution est certes réjouissante, car la voie de Ruag va clairement dans le sens de la civilisation. Toutefois, la situation actuelle montre que le chaos continue de régner en raison des erreurs commises à l’étage supérieur de Ruag, de la mauvaise collaboration avec la Confédération et de la poursuite du commerce des biens d’armement. La stratégie de Ruag, qui met l’accent sur la coopération internationale en matière d’armement, signifie également davantage d’exportations de matériel de guerre. Dans ces circonstances chaotiques, cela peut avoir de graves conséquences.

“L’objectif d’une politique compatible avec la paix devrait être de mettre un terme aux activités d’exportation de matériel de guerre”, déclare encore Pauline Schneider. En tant que propriétaire de Ruag, la Confédération pourrait encourager la reconversion de l’entreprise d’armement publique. “L’argumentation en faveur de l’approvisionnement de l’armée a fait son temps, la plupart des achats sont de toute façon effectués à l’étranger. Ruag est avant tout là pour l’exportation”, ajoute Pauline Schneider. C’est pourquoi le GSsA exige la civilisation de Ruag et donc l’augmentation à 100% du chiffre d’affaires dans le domaine civil.

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