Commentaire critique du GSsA du rapport „Sécurité 2021“

En tant qu’organisation active dans le domaine de la politique de paix et de sécurité, le GSsA a comme chaque année étudié attentivement le rapport annuel de l’académie militaire et du Center for Security Studies. Le GSsA met ici en évidence quatre points critiques :

Scandale Crypto et neutralité : Etant donné que 96% des sondé.e.s voient la neutralité d’un bon oeil (p.167), le peu de place laissé au scandale Crypto dans le rapport (p.87) pose de nombreuses questions. En effet, il s’agit là de bien plus qu’une „simple“ atteinte à la neutralité. Il s’agit de sa violation systématique. C’est en particulier grâce à la réputation de la Suisse en tant que pays neutre, que la CIA et le Service fédéral de renseignement allemand ont pu fournir des appareils manipulés aux services secrets de bonne foi.

Covid et armée : Le rapport s’appuie sur une comparaison grotesque „la plus grande mobilisation depuis la Deuxième Guerre mondiale“, pour faire gagner en importance à l’engagement de l’armée dans le cadre de la lutte contre la pandémie (p. 83). Un sondage extraordinaire mené après la première vague de covid en juillet 2020 montrait une augmentation importante de l’acceptation de l’armée au sein de la société. Six mois plus tard, en janvier 2021, les valeurs avaient chuté à nouveau et ce en-dessous du niveau où ils se situaient en janvier 2020 (p. 219). Cette dégringolade ne s’explique que d’une seule manière: l’engagement de l’armée a certes été salué, mais son utilité était sujette à de nombreux doutes. Pourquoi le rapport n’aborde-t-il pas cette réflexion ?

Acceptation de l’armée et votations : L’avis selon lequel l’armée serait indispensable (29%) ou plutôt indispensable (44%) obtient son score le plus bas depuis 2013. Chez les 18-29 ans, ce taux chute même à 59% (p.407). Il convient de souligner le fait que ces chiffres nettement étaient plus élevés en 2014 au moment où le Gripen avait été refusé. De plus, en septembre 2020, 49,9% des votant.e.s ont pris position contre l’achat de nouveaux avions de combat, alors qu’un mois plus tôt l’armée connaissait un pic de popularité avec 81% des sondé.e.s la voyant comme indispensable. De tels écarts ne devraient-il pas donner lieu à une remise en question critique des résultats de ces sondages, en particulier lorsqu’il s’agit de question très larges telles que la nécessité de l’armée ?

Obligation de servir et „service citoyen“ : Dans le rapport, une grande place est accordée au chapitre „Modèle de service alternatifs et service citoyen obligatoire pour tout le monde“ (p. 237ss.). Son contenu est une véritable réclame publicitaire pour l’initiative d’Avenir Suisse. Pourquoi la question d’un service civil facultatif ouvert à tout le monde n’a-t-elle pas été posée?