La guerre en Ukraine contraint l’Europe à songer aux conséquences de l’utilisation d’armes. La conclusion des dirigeant.es : il nous faut plus d’armes ! Cette conclusion est un désastre qui se profile depuis des années déjà. Car en 2021, la Suisse a exporté du matériel de guerre d’une valeur de 742,8 millions de francs dans 67 pays.
Des armes suisses ont été aperçues dans la guerre en Ukraine, bien que des livraisons d’armes officielles ne soient ni un sujet de discussion, ni une idée particulièrement raisonnable. Pendant que nous essayions d’attirer l’attention sur la question des matières premières, les statistiques concernant les exportations d’armes de 2021 ont été publiées. Une fois de plus, ces chiffres sont consternants. Les cinq plus gros acheteurs n’ont pas fortement changé depuis 2020, il s’agit toujours de l’Allemagne, du Danemark, des États-Unis, de la Roumanie et du Botswana. L’Allemagne a acheté du matériel de guerre d’une valeur de 123,4 millions de francs. Ces cinq pays sont suivis de très près par l’Arabie Saoudite. Le royaume connu pour ses violations des droits humains a importé des armes valant 51 millions de francs. Des acheteurs comme les Émirats Arabes Unis, l’Oman ou le Qatar sont tout aussi problématiques puisqu’ils ne sont que très approximatifs sur le respect des droits de leurs citoyennes et citoyens et qu’ils utilisent parfois la violence armée pour faire appliquer leurs lois. Néanmoins, la Confédération accepte ces livraisons d’armes. Cela est étonnant, car l’un des critères d’exportation est le respect des droits humains dans le pays de destination.
Les armes individuelles à épauler et armes de poing constituent la catégorie d’armes les plus exportées, suivies des munitions. La vente d’explosifs et combustibles militaires a été particulièrement lucrative, générant 39.87% des recettes. Seuls 0,1% de ces dernières ont été générées avec la vente de gaz lacrymogène et d’autres substances irritantes. D’après le SECO, l’opération la plus importante était la livraison de véhicules blindés à roues vers le Danemark (94,6 millions), la deuxième, l’exportation du même type de véhicules vers la Roumanie. Le plus gros importateur d’armes complètes, c’est-à-dire de pistolets, mais aussi de mitrailleuses et de fusils d’assaut étaient les États-Unis, ce qui ne nous surprend pas. En 2021, ils en ont importé 39’135 d’une valeur totale de 46,6 millions de francs. La majorité des exportations (65,01%) vont toutefois vers des pays européens. Comme le montre la situation actuelle, cela ne garantit aucunement que ces armes ne seront pas utilisées dans une guerre.
Nous observons un recul par rapport à l’année record qu’a été 2020. Toutefois, les exportations sont à un niveau inégalé depuis 2011 et la tendance est à la hausse. Nous ne savons pas encore quel impact la guerre en Ukraine aura sur les statistiques de cette année ou même de l’année prochaine, mais la course aux armements que nous observons en ce moment ne laisse rien présager de bon. Nous devrons donc redoubler de vigilance ces prochains temps, afin de pouvoir nous y opposer. Car exporter plus d’armes n’est pas la solution !