Des majorités claires contre le réarmement et l’adhésion à l’OTAN et en faveur de l’ONU

Le GSsA attendait avec impatience les résultats du sondage de l’Académie militaire (MILAK) et du Center for Security Studies (CSS) et en a pris connaissance. Le GSsA estime que ces sondages sont pertinents, même si leur interprétation révèle une proximité avec le DDPS. L’étude montre que ni le réarmement ni l’adhésion à l’OTAN ne sont soutenus par une majorité de la population, mais qu’un engagement plus actif dans les affaires de l’ONU, comme le traité d’interdiction des armes nucléaires (TIAN), est demandé.

Seulement un quart des sondés pour des dépenses supplémentaires

Dans le contexte actuel, le résultat le plus frappant et le plus sensible est le suivant : seules 24% des personnes interrogées estiment que les dépenses militaires sont trop faibles. Un bon tiers les trouve trop élevées. Josef Lang, membre de la coordination du GSsA, estime que « les trois quarts des citoyen-ne-s ne sont pas d’accord avec le discours politico-médiatique unanime en faveur du réarmement. C’est l’expression d’une maturité démocratique ». Plus loin, Jo Lang demande : « Le budget du réarmement doit être soumis au peuple ». Contrairement aux questions concrètes sur les dépenses d’armement, celles portant sur une « armée entièrement équipée » et « très bien formée » sont formulées de manière si générale qu’il est difficile d’y répondre par la négative.

Ce qui nous réjouit particulièrement, c’est la forte acceptation des sanctions contre la Russie. 71 % des sondés les trouvent justifiées. Et deux tiers les considèrent comme compatibles avec la neutralité. Cela montre que l’initiative de l’UDC pour une neutralité armée au service des riches peut être mise à mal. De même, 71 % des personnes interrogées souhaitent que la Suisse s’engage davantage dans la médiation des conflits. Et une nette majorité de 57 % souhaite un engagement actif en première ligne pour les causes défendues par l’ONU. Une préoccupation actuelle de l’ONU est la signature du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN). Le GSsA fait partie de l’alliance à l’origine de l’initiative populaire qui demande l’adhésion au TIAN.

Une majorité de la population  se prononce pour une neutralité solidaire et civile

Le « souhait d’un renforcement de la coopération avec l’OTAN » mis en avant par les auteur·es n’est pas particulièrement pertinent. Il relève du fantasme, car un rapprochement militaire avec l’OTAN est incompatible aussi bien avec le système de milice qu’avec la neutralité. Par ailleurs, les 32 % en faveur d’une adhésion à l’OTAN contredisent le fait que 86 % soutiennent le maintien de la neutralité.

Il est intéressant de noter que la majorité des personnes interrogées sur la neutralité sont ouvertes à l’engagement civil et fermées à la participation militaire. Le préjugé selon lequel la neutralité serait sélective est démenti par le fait que seuls 22% des citoyen-ne-s seraient favorables à son abandon lorsqu’elle n’est plus utile. Rayyân Rehouma, secrétaire du GSsA, en conclut que « la majorité de la population soutient une neutralité solidaire avec le reste du monde, qui affirme clairement ses positions politiques tout en refusant de participer militairement aux conflits »

Les majorités sont particulièrement critiques lorsqu’elles affirment que la neutralité ne peut plus être protégée de manière crédible aujourd’hui sur le plan militaire et qu’elles s’opposent à l’affirmation selon laquelle une alliance européenne apporterait davantage de sécurité. De telles contradictions apparentes montrent que la discussion sur la politique de sécurité et l’avenir de l’armée est totalement ouverte. A cela s’ajoute le fait que l’étude « Sécurité 2025 » n’aborde même pas le principal enseignement de la guerre en Ukraine, à savoir le rôle de la Suisse en tant que plaque tournante du commerce des matières premières. Et encore moins le plus grand problème de sécurité globale et nationale : la crise climatique.