Édito : Les moyens de notre ambition

“Une Suisse sans armée” n°33, printemps 1997, p. 2

Celle qui est convoquée le 23 mars ne sera certainement pas une assemblée générale de routine. Notre décision de lancer deux initiatives, l’une pour l’abolition de l’armée, l’autre pour l’institution d’un véritable service civil pour la paix, trouve un écho favorable auprès d’un certain nombre d’organisations et de personnalités. Parmi les gens également, elle est bien accueillie.

Ainsi, l’assemblée générale est appelée d’une part à adopter les versions définitives des textes discutés et, de l’autre, à déterminer les temps et les rythmes de lancement des initiatives. Autant dire que les enjeux sont de taille!

Ils le sont, d’abord, parce que, au moment où le monde semble basculer dans la folie guerrière, ou du moins s’y résigner, il est de notre devoir de saisir les instruments que nous offrent les institutions pour faire entendre une autre voix, celle de la paix et du développement.

Ils le sont ensuite parce qu’en remettant en question ici en Suisse l’existence de l’armée, c’est l’attention de l’opinion publique internationale toute entière que nous attirons, au moment où, de par le monde on dépense des milliers de fois plus d’argent pour fabriquer et acheter des armes que pour combattre l’analphabétisme, la malnutrition, la famine.

Ils le sont encore parce que, à un moment où le débat sur les questions dites de sécurité semble se figer autour de l’alternative entre une armée traditionnelle et une autre « eurocompatible », nous nous donnons les moyens, par le biais de l’initiative, d’affirmer que notre contribution à la construction de la paix et de la sécurité des populations passe par des choix de désarmement et de solidarité.

Ils le sont également parce que, au moment où le chômage atteint des proportions à peine imaginables, il est fondamental de pouvoir intervenir dans le débat politique pour montrer que le gaspillage systématique de milliards de francs pour l’armée est loin d’être inéluctable, que ces richesses peuvent trouver une destination bien plus utile.

Ils le sont enfin parce que ce sont aussi les projets de militarisation de la société et de recours à la troupe pour le maintien de l’ordre public qui pourront être combattus par le lancement des nouvelles initiatives.

Au fond, les décisions que nous sommes appelé/e/s à prendre ce 23 mars se résument globalement à une seule et unique question, la suivante: voulons-nous nous donner les moyens de nos ambitions ?

De la qualité de notre réponse à cette question dépendra la crédibilité du GSsA; mais aussi et surtout celle de l’idée que nous défendons.

Rendez-vous donc à Berne dimanche 23 mars.

p.gi

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