Evènements régionaux en Romandie

La rentrée 2022 du GSsA a été rythmée par deux évènements en Suisse romande. Après la pandémie et l’initiative Stop F-35, l’idée était de se retrouver autour de sujets différents. Au début du mois de septembre, nous avons donc organisé une table ronde sur l’abolition des armes nucléaires à Neuchâtel et, un mois plus tard, une conférence sur le négoce suisse de matières premières à Lausanne. Compte-rendu.

A Neuchâtel, nous avons eu la chance d’avoir deux intervenant-e-s sur l’enjeu immense des armes nucléaires. Annette Willi, co-fondatrice d’ICAN Switzerland (International Campaign to Abolish Nuclear Weapons), nous a notamment parlé du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN). Celui-ci a été ratifié par 66 Etats à ce jour, dont aucun détenteur de l’arme nucléaire. Pour Mme Willi, ce chiffre est tout de même encourageant car la norme créée par le traité a un impact sur les pays non-signataires en les stigmatisant. La représentante d’ICAN a conclu son exposé avec les objectifs globaux de son organisation basée à Genève, dont le renforcement de la norme d’interdiction, la garantie de la mise en œuvre du traité et le soutien de plaidoyers par des organisations tierces.

Après une série de questions de la salle, la soirée s’est poursuivie avec une présentation de Fabien Fivaz, conseiller national Les Vert-e-s et membre de la commission de la politique de sécurité, sur les enjeux de sécurité nucléaire en Suisse plus spécifiquement. Le Neuchâtelois a également mis l’accent sur le TIAN, en développant les raisons de la non-signature du traité par la Suisse. Pour rappel, le Parlement avait voté pour une signature rapide par le Conseil fédéral en 2018 ! Pourquoi n’avons-nous toujours pas signé 4 ans plus tard ? M. Fivaz nous a expliqué que, selon le Conseil fédéral, le TIAN n’est pas compatible avec le traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP), en vigueur en Suisse depuis 1977. D’autre part, les facteurs d’instabilité internationale que sont le Covid-19 et surtout la guerre en Ukraine constituent certainement des obstacles importants pour une ratification du traité. Pour autant, tout n’est pas perdu pour Fabien Fivaz : Les dernières discussions sur le TNP, qui n’a d’ailleurs jamais permis de dénucléarisation, se sont tellement mal passées que cela pourrait profiter au TIAN. En fin de discours, l’écologiste a rappelé l’importance de la société civile dans ce débat !

4 semaines plus tard, c’est à Lausanne que nous nous sommes retrouvés pour une conférence sur le négoce suisse des matières premières donnée par Robert Bachmann, spécialiste en finance et matières premières chez Public Eye.
M. Bachmann a mis en lumière la centralité hallucinante de la place financière suisse dans le commerce des matières premières, notamment les énergies fossiles dont 25% du négoce mondial passe par la Suisse ! Les négociants de matières premières ont par ailleurs choisi la Suisse, Genève et Zoug en premier lieu, pour ses avantages fiscaux, une faible régulation et la politique de neutralité favorable à l’économie. Mais en quoi cette prépondérance de la Suisse est-elle problématique ? Non seulement extrêmement polluant et source d’inégalités entre Nord et Sud globaux, ce commerce est le théâtre d’une corruption courante et le contournement des sanctions à son encontre est bien trop souvent à déplorer. Les sanctions récentes contre le gouvernement russe n’ont d’ailleurs pas changé drastiquement les revenus issus des matières premières russes…

Justement, la guerre en Ukraine qui fait rage depuis plusieurs mois nécessitait que l’on s’intéresse dans un second temps aux liens entre le négoce suisse et la Russie. Quelques chiffres suffisent à dépeindre le scandale : En volume de transactions, ce sont 50 à 60% du pétrole et 75% du charbon exportés de Russie qui passent par la Suisse ! Quand on sait que les exportations de pétrole et de gaz constituaient 36% du budget national russe en 2021, on peut le dire sans détour : La suisse porte une responsabilité monumentale dans le financement de la guerre de Poutine ! Fort de ces nouvelles connaissances, le GSsA dénonce ce business avec la plus grande fermeté : La Suisse doit impérativement cesser de s’enrichir avec les énergies fossiles russes.

En conclusion, ces deux évènements ont été riches en discussions, autant pendant les présentations qu’aux apéros qui ont suivi. En tant que membres du GSsA, n’hésitez pas à nous soumettre des propositions pour que de tels événements soient organisés dans votre région !

,