Exportations d’armes en 2023 : De nouveaux contrats de plusieurs millions avec des États autoritaires

18.07.2023. Au premier semestre 2023, la Suisse a continué d’exporter pour des millions de francs de matériel de guerre vers des États impliqués dans de graves violations des droits humains et des conflits internationaux. C’est ce que révèlent les chiffres semestriels publiés aujourd’hui par le Seco.

Bien qu’aucune nouvelle année record ne se dessine comme en 2022, les exportations de matériel de guerre de la Suisse restent à un niveau élevé et constant. Au premier semestre 2023, du matériel de guerre a déjà été exporté pour une valeur de 284,7 millions de francs. C’est plus que dans les années 2019, 2018 et 2017. 

Ainsi, cette année encore, les exportations de matériel de guerre vers les pays impliqués dans la guerre au Yémen continuent de battre leur plein. Ainsi, au premier semestre 2023, la Suisse a exporté des armes de tous calibres, des dispositifs de conduite de tir ainsi que des armes de poing et à feu d’une valeur d’environ 11,3 millions de francs vers les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite et Bahreïn. “En exportant des armes vers des pays impliqués dans ce conflit dramatique, la Suisse se rend complice des crimes commis”, commente la secrétaire du GSsA Pauline Schneider.

Le GSsA critique par ailleurs les exportations vers la Hongrie. Le pays a reçu des munitions pour armes individuelles, des armes de tous calibres ainsi que des chars ou autres véhicules terrestres pour un montant de 5,8 millions de francs. Dans ce contexte, les réfugié-es et les migrant-es continuent d’être victimes de pushbacks en Hongrie, en violation du droit européen. En mai 2022, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a constaté que la Hongrie avait violé l’interdiction des expulsions collectives. Les exportations vers le Pakistan, le Qatar ou Oman, pays au régime autocratique, doivent également être considérées comme extrêmement problématiques au vu des violations fréquentes et connues des droits humains. Les livraisons d’armes de tout calibre à la Serbie, pour un montant de 544 707 francs, sont également préoccupantes au vu de la situation tendue avec le Kosovo. “Au lieu d’exporter du matériel de guerre et de tirer profit de la souffrance d’autres personnes, nous devrions apporter une plus grande contribution à la prévention des conflits et à la coopération internationale”, estime Pauline Schneider.

Pour le GSsA, une chose est claire : il est scandaleux que la Suisse continue d’exporter du matériel de guerre vers des pays où les droits humains ne sont pas respectés. Certes, le contre-projet à l’initiative correctrice, en vigueur depuis le 1er mai 2022, a enfin permis de renforcer les critères d’exportation d’armement au niveau de la loi. “Nous considérons maintenant que le Conseil fédéral et le Seco ont la responsabilité de mettre en œuvre de manière conséquente les critères définis dans la législation pour les exportations d’armes”, demande Pauline Schneider. Au vu des chiffres d’exportation susmentionnés, il semble absurde que l’on discute actuellement au Parlement d’un assouplissement de la loi sur le matériel de guerre. “En tant que pays neutre et pacifique, la Suisse devrait enfin s’engager en faveur d’une réglementation stricte des exportations et d’un contrôle des armements avec pour objectif à long terme le désarmement global”, conclut Pauline Schneider. 

Chiffres du Seco