GSsA II et service civil : Vers un service pour la Paix

Nous avons déjà fait part à plusieurs reprises dans ces colonnes de nos doutes et de nos critiques sur le nouveau service civil. Rappelons que le service civil ne s’adresse qu’aux hommes de nationalité suisse et aptes à servir, qu’il a une durée une fois et demie plus grande que le service militaire et qu’il restreint énormément les engagements à l’étranger. Or le groupe de travail «GSsA 2» a proposé le lancement simultané de deux initiatives, l’une pour abolir l’armée et l’autre pour créer un service pour la paix. Cette dernière a été jusqu’à présent de côté, étant donné la controverse sur les 500 hommes armés de la première initiative. Mais l’AG du 24 novembre a décidé de porter nos efforts sur la rédaction de ce deuxième texte, en vue de son adoption lors de la prochaine AG du 23 mars 1997.

Nos discussions des prochains mois tourneront autour de deux options pour cette initiative. L’une – retenue par le projet actuel d’initiative – est de créer un service pour la paix indépendant du service civil. Les personnes astreintes au service militaire auraient la possibilité de faire un service pour la paix qui serait déduit des jours de service militaire. Quant aux autres personnes – les inaptes au service, les femmes et les étranger(e)s – elles pourraient y participer librement. Ce service permettrait un engagement en Suisse dans un domaine d’intérêt public, à l’appel de l’État ou de particuliers, et hors de la Suisse pour l’observation d’élections, pour l’activité en faveur des droits humains, pour l’aide humanitaire, etc. Le service pour la paix serait indépendant des parties et collaborerait avec les Etats, les Organisations Non Gouvernementales et les privés. Il serait contrôlé par un pool de milieux pacifistes, ecclésiastiques et d’aide au développement.

L’autre option consiste à remplacer le service civil et à en pallier les défauts. Il y aurait alors libre choix, durée égale au service militaire tant que l’armée existe, et ouverture à toutes et à tous. Les domaines d’activité seraient alors élargis, notamment en ce qui concerne les interventions à l’étranger.

Une réponse civile

Dans les deux cas, il s’agit de donner une réponse civile aux conflits, que ce soit en Suisse ou ailleurs. En effet, en contribuant à plus de sécurité en satisfaisant les besoins sociaux des gens et en instaurant un dialogue entre des parties en conflit, notamment entre Suisses et étrangers, ou entre anciens belligérants, on apporterait une contribution active et efficace à la paix. Il ne faut pas que 20’000 militaires aptes à intervenir en cas de catastrophe puissent légitimer les 380’000 autres soldats, alors qu’une intervention civile serait tout aussi efficace et bien plus légitime.

Nous devons donc répondre essentiellement à trois questions:

  • Qui doit avoir accès à ce service pour la paix? Les hommes aptes au service? Les hommes et les femmes? Les Suisse(sse)s et les étranger(e)s?
  • Qui décide des engagements? La Confédération? Des organisations pacifistes et autres, associées ou non avec la Confédération? Reste posé également le problème du financement.
  • Le Service pour la Paix remplace-t-il ou complète-t-il le service civil?

Il y aura également le problème de la durée. En effet, la première option ne laisse pratiquement place qu’à des engagements à court terme. Dans ce cas, la formation sera problématique: vaut-il la peine de former des gens qui n’auront que peu de temps pour appliquer leurs connaissances après la formation? Il faut, dans les deux options qui nous sont proposées, garder la possibilité d’un engagement à moyen ou long terme, ce qui laisse les portes ouvertes au plus grand nombre de projets et à tous les degrés d’engagement.

Le débat est ouvert

Les quelques Romands qui se sont déjà exprimés à ce sujet sont plutôt en faveur d’un service pour la paix remplaçant le service civil. Toutefois, une autre tendance est sceptique en ce qui concerne un élargissement trop large, notamment pour attirer les milieux favorables au maintien d’une armée, mais qu’un tel service intéresserait.

Le débat est donc ouvert. Mais ne faut-il pas saisir l’occasion de proposer un projet très généreux, mais néanmoins réaliste? En cas de maintien de l’armée, il nous permettrait d’impliquer un grand nombre d’habitant(e)s de ce pays dans la résolution des conflits de toute sorte. Ce qui ne peut être que bénéfique pour notre cause.

,