Initiative exportation d’armes : Votons ‘OUI’ le 8 juin!

« Une Suisse sans armée » n°33, printemps 1997, p. 14

Après une valse d’hésitation épuisante, cinq ans après son dépôt, le Conseil fédéral a choisi la date du 8 juin pour soumettre en votation l’initiative visant à interdire l’exportation d’armes.

Cette initiative est la soeur jumelle de celle demandant la diminution de moitié des dépenses militaires. Le Parlement, craignant une victoire de cette dernière, l’avait tout simplement invalidé. En 1972, le peuple refusait de justesse une initiative similaire à celle qui nous sera soumise en juin. En 1997, les milieux économiques ont donc choisi de lutter en utilisant la même recette qui leur avait souri il y a vingt-cinq ans: promettre de mieux contrôler les exportations1! Le Conseil fédéral présentera donc un contre-projet à l’initiative. Notons pour mémoire que les ultra de la Revue militaire suisse avaient qualifié cette initiative comme étant un «attentat contre notre industrie.»

Les vieilles promesses du Conseil fédéral n’ont pas empêché, comme on le sait, l’entreprise Pilatus de Stans, d’exporter ses avions au pays de l’apartheid, à la dictature birmane, au régime mexicain pour tenter de mâter la rébellion dans le Chiapas, etc … et encore aujourd’hui en Croatie.

Les exportations suisses se portent mal depuis un certain nombre d’années. Les bonnes affaires de la seconde guerre mondiale sont terminées pour Oerlikon-Bührle. Pendant la dernière guerre, elles représentaient officiellement plus du 14% des exportations helvétiques. Aujourd’hui environ 0.2%, malgré une spectaculaire remontée l’année dernière où elles ont augmenté de 60%, passant de 141.2 à 232.9 millions. Ce qui dérange particulièrement les milieux d’affaires, c’est l’interdiction des transactions financières liées au commerce d’armes, via la place bancaire helvétique. Cette mesure figure expressément dans l’initiative, ainsi que la vente de brevets de matériel de guerre.

Au cours de la campagne à venir, le GSsA rappellera avec force l’immoralité du commerce d’armes. Aujourd’hui, lorsque les pays industrialisés exportent des armes, ils exportent des guerres, mettent de l’huile sur le feu des conflits en cours.

En outre, nous profiterons de cette campagne pour renouveler avec force notre condamnation d’une société qui ne peut pas briser le cercle infernal de la production d’armes sous prétexte d’empêcher la progression du chômage. «Jadis on fabriquait des armes pour se défendre, aujourd’hui on fabrique des guerres pour vendre des armes»!

La Communauté de travail pour une armée de milice (AWM), a intimidé les organisations caritatives sensibles à l’initiative, en leur adressant des menaces voilées de boycott au cas où elles soutiendraient l’initiative. Rejoignez le GSsA ou le comité unitaire afin de réussir à faire passer cette initiative pacifiste, qui aurait valeur d’exemple au niveau international. Evénement que l’on n’a pas vu depuis que le peuple suisse a accepté l’initiative de Rothenturm…c’était en 1987!

Daniel Künzi

1 Voir à ce sujet notamment le no 31 d’Une Suisse sans arméeRetour à l’appel de note

Pour plus d’informations: commandez-nous la brochure « arguments pour ou contre l’interdiction d’exporter du matériel de guerre (8.-).


L’historien Hans-Ulrich Jost note en page 160 de l’ouvrage Histoire de la Suisse et des Suisses: « Entre 1939 et 1945, un célèbre fabriquant d’armes augmenta ainsi son revenu de 6,8 millions de francs à 56 millions de francs et sa fortune imposable de 8,5 à 170 millions. » Voilà un rappel qui devrait utilement éclairer le sens des propos des banquiers du Conseil fédéral et des industriels qui veulent faire porter la responsabilité à toute la population, quel que soit son «grade», concernant les bons rapports entre le Reich et la Suisse. L’ouvrier de chez Bührle qui travaillait pour 4.- par jour, avait-il les mêmes intérêts que son patron dans l’armement des nazis?

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