L’embargo sur les exportations de matériel de guerre vers l’Arabie saoudite va être levé. Le GSsA critique cette décision de manière acerbe.
Les critiques internationales envers l’Arabie saoudite ont mené à un changement de paradigme durant l’automne 2018 : les pièces de rechange ne peuvent désormais plus être exportées vers l’Arabie saoudite, les demandes d’exportation pendantes et nouvelles ne sont plus traitées. Le Conseil fédéral fait aujourd’hui un pas en arrière lourd de conséquences et permet à nouveau les livraisons à destination de l’Arabie saoudite. En faisant cela, le Conseil fédéral ferme les yeux quant au fait que mettre fin à cette limitation des exportations est synonyme de renforcement militaire d’un régime qui viole régulièrement et lourdement les droits humains sur son territoire et celui d’autres Etats. Visiblement, les intérêts du gouvernement saoudien et ceux de l’entreprise Rheinmetall priment sur les valeurs humanitaires de la Suisse.
« Pour toute arme, il existe un risque qu’elle soit utilisée pour violer les droits humains et ce, tout particulièrement dans un pays engagé dans une guerre civile » affirme le secrétaire du GSsA Thomas Bruchez. « Le Conseil fédéral ferait mieux de maintenir l’embargo et de continuer à interdire ces exportations». Le Conseil fédéral motive sa décision en affirmant que la base juridique pour de telles interdictions fait défaut et semble donc oublier qu’il détient le pouvoir quasi-absolu de régler les conditions d’exportation et d’embargo par voie d’ordonnance. « Le Conseil fédéral s’est justement toujours opposé à l’ancrage des conditions d’exportations au niveau d’une loi fédérale », se souvient Thomas Bruchez. « Se plaindre à présent du fait qu’il n’y a pas de base légale est d’une bassesse décevante ». Il voit cependant un espoir dans l’initiative correctrice, déposée il y a un peu plus d’une semaine, qui permettra l’introduction d’un certain nombre de garde-fous en matière exportations d’armes dans la Constitution.