La politique bourgeoise du surarmement est un risque sécuritaire

Le parlement fait des économies dans le soutien aux crèches et dans la collaboration internationale pour pouvoir dépenser des milliards pour des chars et des canons. Pour véritablement faire face aux défis de notre temps, la politique de sécurité devrait être complètement différente.

Depuis des mois, Thomas Süssli, le chef de l’armée, revendique publiquement rapidement plus d’argent pour l’armée. Et la pression qu’il a exercée aura fait effet : l’armée peut tabler sur un budget de l’équivalent d’1 % du PIB d’ici 2030 déjà, et non pas d’ici 2035. En l’espace de cinq ans, le budget de l’institution serait ainsi doublé. Pour financer cela, une alliance de politicien·nes bourgeois·es veut faire des économies dans différents domaines importants pour la sécurité, comme la coopération internationale, qui agit aux origines de la violence et des conflits. Rationnellement, il n’existe aucune raison pour cette frénésie de l’armement.

Mauvais calculs

Thomas Süssli nous présente donc ses calculs : au total, il veut investir 40 milliards dans l’armement, afin de rendre la Suisse de nouveau capable de se défendre. Si l’on inclut les coûts d’exploitation, les dépenses devraient atteindre environ 100 milliards de francs, ou l’équivalent du fonds extraordinaire de la Bundeswehr allemande. Dans un premier temps, le chef de l’armée demande 13 milliards d’investissements dans l’armée d’ici 2031, dont des investissements dans du matériel de guerre lourd, utilisé pour des offensives militaires traditionnelles. Pourtant, la Confédération le dit elle-même dans un rapport sur la politique de sécurité : il est très improbable que des chars russes arrivent sur les bords du Lac de Constance. Ce constat nous semble logique, car Poutine se trouve dans une guerre d’usure contre l’Ukraine. Pour arriver aux frontières suisses, il devrait vaincre l’Ukraine ou du moins occuper de grandes parties du pays et ensuite envahir des Etats membres de l’OTAN. Nous ne serons donc pas confronté·es à une attaque militaire traditionnelle de sitôt. Cela ne semble pas être l’avis du parlement, compte tenu des montants alloués à l’armement.

Ce sont des êtres humains qui en font les frais

Dans son message sur l’armée, le Conseil fédéral a opté pour un scénario dans lequel l’armée doit être renforcée à tous les niveaux. En adoptant l’une des décisions de planification les plus onéreuses de l’histoire suisse, le parlement a donné son aval pour des dépenses de 30 milliards de francs au cours des cinq prochaines années, et ce sans contre-financement. Or, ne serait-il pas préférable de nous baser sur une vraie analyse des risques et nous concentrer sur les véritables menaces auxquelles nous devrons faire face dans un avenir proche ? Où est la vue d’ensemble de tous les instruments que nous avons à notre disposition dans le domaine de la politique de sécurité et toutes les autres contributions que la Suisse pourrait faire, notamment en matière de prévention des conflits ?

Au lieu de définir des priorités, l’armée se met en avant comme la seule institution à pouvoir garantir la sécurité de la population. En même temps, les politicien·nes bourgeois·es s’empressent de lui exaucer tous ses vœux. Le DDPS, lui, concocte un scénario catastrophe après l’autre pour faire apparaître le surarmement de l’armée comme seule alternative possible. Le but est d’injecter autant de moyens dans l’armée aussi rapidement que possible, sans trop savoir d’ on prend cet argent et pour quoi on veut le dépenser. Le GSsA, de son côté, insiste sur une analyse sobre des menaces, qui soit à la hauteur des défis auxquels nous faisons face, au lieu de dilapider des milliards. Car à la fin, ce sont les êtres humains et l’environnement qui en feront les frais. Signez donc notre résolution sur non-sens.ch et soutenez ainsi notre revendication.