Durant son mandat au Conseil fédéral, Viola Amherd, alors cheffe du Département de la défense (DDPS), a passé beaucoup de temps, avec l’appui du chef de l’armée, à rendre l’accès au service civil et à la protection civile plus ardu. Bilan alarmiste sur les effectifs de l’armée, service obligatoire pour les femmes, toutes les idées ont été discutées. Mais apparemment, pas de remise en question plus profonde de l’armée suisse.
Service civil
Après plusieurs années d’annonce de durcissement des conditions d’accès au service civil, le Conseil fédéral a annoncé en ce début d’année 2025 se pencher sur deux nouveaux modèles d’obligation de servir: l’obligation de servir dans la sécurité et l’obligation de servir en fonction des besoins. Le premier modèle, l’obligation de servir dans la sécurité, signifierait une fusion du service civil et de la protection civile, tandis que le second modèle entend introduire un service obligatoire pour les femmes également. Mais ces deux modèles ne sont qu’une tentative de plus d’affaiblir – voire de faire disparaître – le service civil, pourtant acquis symbolique et sécuritairement concret.
Le DDPS a tiré sa sonnette d’alarme il y a deux ans concernant les effectifs de l’armée, en publiant des chiffres qui semblaient plus bas que les autres années, afin d’étayer la thèse selon laquelle «trop» de recrues décidaient d’effectuer un service civil. Pourtant, depuis 2023, l’effectif réel de l’armée est simplement illégalement trop élevé. En retirant dès le début de l’année 2023 les militaires en dernière année de service afin de ne plus les compter le jour de référence du recensement, le 1er mars, le DDPS a présenté des effectifs plus bas que les autres années, sans préciser son changement de calcul. Pourtant, ces personnes peuvent être convoquées et contribuent donc aux effectifs de l’armée et jusqu’en 2022, elles ont été comptées dans l’effectif de l’armée. De plus, les départs au service civil sont stables depuis des années.
Armée suisse
Toujours dans la lignée de ces calculs hasardeux, le DDPS souhaite augmenter rapidement la part des femmes au sein de l’armée à 10% d’ici à 2030. En octobre 2024, une étude sur la discrimination et la violence sexualisée fondées sur le genre et/ou l’orientation sexuelle dans l’armée suisse a été menée auprès de toutes les femmes de l’armée ainsi que d’un nombre équivalent de militaires masculins. Les résultats sont choquants: 81% des personnes interrogées ont annoncé avoir déjà subi des remarques sexistes. Et 94% des femmes interrogées rapportent avoir subi des violences sexualisées. Le rapport ajoute encore que «la discrimination et la violence sexualisée sont étroitement liées avec la culture d’entreprise de l’armée».
Il semblerait que l’armée ait de la peine à s’occuper de son fonctionnement interne, thèse étayée par les divers scandales de ce début d’année avec le rapport d’audit de RUAG, entreprise étatique d’armement, faisant état de graves problèmes de gestion, corruption et perte de plusieurs millions, ou avec les départs précipités du chef de l’armée et celui des services de renseignements. La Suisse vit depuis de longs mois des coupes drastiques dans la coopération internationale et l’aide au développement ainsi que dans le système éducatif. Et l’argent semble toujours manquer pour développer un système de santé plus équitable ou pour la protection du climat. Pourtant, l’armée est l’éternelle gagnante avec un nouveau crédit de 1,67 milliard – qui pourrait encore être augmenté.
Malgré cette liste de problèmes et de fausses solutions, la population n’a toujours pas son mot à dire sur le budget de l’armée. Une idée pour le nouveau chef du DDPS, Martin Pfister: soumettre ce budget à la population.