L’armée contre la démocratie

Depuis le coup d’état militaire d’octobre 2021, le Soudan est le théâtre d’une tragédie que l’on ne connait que trop bien. Face aux revendications démocratiques de la population, le pouvoir militaire a comme unique réponse la répression armée des manifestant·e·s.

Alors que le regard de l’Europe est tourné vers les atrocités qui se déroulent à l’est du continent, on aurait presque tendance à oublier que les ravages de la guerre et des armes sont bel et bien présents dans le reste du monde. Un exemple d’actualité parmi d’autres : au Soudan, l’armée massacre des manifestant·e·s qui dénoncent le coup d’État militaire.

Pour rappel, depuis la destitution du président soudanais, le général Omar el-Béchir, en avril 2019, les Soudanais·e·s avaient un réel espoir de voir la mise en place d’un pouvoir civil et démocratique. Mais la transition vers la démocratie n’a pas lieu comme prévu. Depuis le coup d’État militaire du 25 octobre 2021, le Soudan traverse une grave crise, qui a fait plus de 90 victimes, des centaines de blessés et un millier de personnes arrêtées en raison de la soif de pouvoir du général Abdel Fattah al-Burhane, l’ancien chef de l’armée de Terre soudanaise, après avoir mis fin à la transition démocratique et instauré l’État d’urgence.

L’Occident observe en silence

Face à cette tragédie totale, on notera à quel point l’Europe et l’Occident se sont montrés particulièrement discrets dans leur réaction vis-à-vis de ce coup d’État et aux massacres commis. Il est en effet plus important de garder de bonnes relations avec les dirigeants, peu importe comment ils sont arrivés au pouvoir, que de soutenir une population qui scande pour la démocratie depuis de nombreuses années. Pareil pour les pays voisins du Soudan, qui semblent vouloir éviter à tout prix un printemps africain.

L’armée et la démocratie, ça ne fonctionne pas

Plus globalement, nous avons ici encore un exemple tragique de l’incompatibilité entre l’armée et la démocratie. Lorsque les temps sont troubles, le pouvoir militaire semble toujours se voir en dictateur éclairé, seul capable de remettre un pays à l’ordre et en assurer sa stabilité. L’histoire nous l’a démontré à de multiples reprises qu’il n’en est rien. Cela confirme l’importance des luttes pacifistes et antimilitaristes internationales. L’armée tue, pollue, et, peut-être son symptôme le plus grave, est un véritable danger pour la démocratie, au Soudan comme partout dans le monde.