Il manque 1,2 milliard de francs à l’armée pour financer les armements déjà commandés par celle-ci. Ce déficit est justifié par le ralentissement de l’augmentation du budget et un « plan directeur » non respecté. Pour le GSsA, il est clair qu’après cette semaine de scandale, une enquête approfondie est désormais indispensable.
Après l’annonce la semaine dernière de l’annulation de divers évènements de l’armée par mesure d’économie, une enquête de la radio SRF a révélé hier que la situation financière semble encore plus grave. Selon l’armée, il manque 1,2 milliard de francs pour pouvoir payer durant les prochaines années l’armement déjà commandé.
L’augmentation prévue du budget de l’armée à 1% du produit intérieur brut (PIB) d’ici 2030 a été freinée en décembre 2023 à la demande de la ministre des finances Karin Keller-Sutter. La courte majorité du Parlement s’est prononcée en faveur d’une augmentation jusqu’en 2035 afin de donner de l’air au budget fédéral. Kilian Bello, secrétaire du GSsA, déclare : « L’armée était déjà au courant de cette mauvaise gestion effarante et avait donc besoin de cette augmentation rapide. C’est de cette manière que la pression a été exercée ».
Selon l’armée, plusieurs raisons contribuent à ce trou. D’une part, un « plan directeur » adopté en 2018, qui prévoyait de renoncer à d’autres programmes d’armement pendant quelques années en raison des surcoûts élevés de la défense aérienne, n’a pas été respecté. Il s’agit là d’une négligence grossière à l’égard de l’argent du contribuable. Des solutions – pas très propres – sont prêtes pour résoudre ce trou financier. Kilian Bello ajoute : « Cette situation est profondément insatisfaisante et doit avoir des conséquences politiques ».
Outre les gaffes financières qui s’accumulent, l’armée a déjà fait parler d’elle cette semaine en raison d’une procédure peu scrupuleuse lors du décompte de l’effectif de l’armée. « Les scandales intolérables de l’armée se multiplient à nouveau ces derniers temps. Il est inacceptable que l’armée s’en tire aussi bien ! », estime Kilian Bello. « Imaginez que la même chose se produise par exemple dans le domaine de la santé, il y aurait un soulèvement politique ».
Non seulement le trou financier, mais aussi la communication de l’armée est et reste une catastrophe. Le GSsA exige une enquête complète et transparente sur les événements douteux qui entourent les finances de l’armée. Le fait que l’ampleur des difficultés financières de l’armée ait d’abord été passée sous silence et que ce n’est que grâce au travail de recherche de la SRF que le chiffre concret entourant ce scandale a été dévoilé démontre qu’il existe un véritable problème de transparence au sein de l’armée.