19.09.2024 – Après le Conseil des États, le Conseil national suit lui aussi le réarmement démesuré de l’armée. Après que la CPS-N ait encore rejeté la décision sur le plafond de dépenses de l’armée de plus de 29 milliards de CHF, révélant ainsi l’impossibilité de financer ce réarmement, le Conseil l’a approuvé aujourd’hui. Le GSsA lance un appel contre cette frénésie de réarmement insensée et demande une analyse sobre et objective de la menace.
Le rejet du plafond de dépenses par la commission de la politique de sécurité du Conseil national est symptomatique de la débâcle des finances de l’armée : alors que les bourgeois exigent des milliards pour un réarmement sans planification, la question du financement reste toujours sans réponse. L’approbation par les deux chambres d’un montant encore plus élevé que celui proposé par le Conseil fédéral est extrêmement inquiétante. La secrétaire du GSsA Pauline Schneider commente : « D’autres domaines liés à la sécurité vont souffrir de ce réarmement massif – que ce soit la protection du climat, la sécurité sociale ou la coopération internationale. Au vu des multiples crises de notre époque, nous ne pouvons pas nous permettre de supprimer des moyens dans ces domaines au profit d’un réarmement insensé ».
Pour la première fois, le Conseil national s’est prononcé sur les valeurs-cibles et l’orientation de l’armée dans le cadre du message sur l’armée. La formulation floue de ces valeurs-cibles fait de cette délibération une plaisanterie. Dans son rapport sur la politique de sécurité, le Secrétariat d’Etat à la politique de sécurité continue d’affirmer qu’une menace militaire directe d’attaque contre la Suisse par voie terrestre ou aérienne est improbable à court et moyen terme. Dans le message sur l’armée 2024, l’armée est orientée vers l’escalade d’un conflit armé. « Les valeurs-cibles servent au commandement de l’armée à pouvoir acquérir le matériel qu’il souhaite et à garantir le financement correspondant. Cela n’a pas grand-chose à voir avec des scénarios de menaces réelles », commente encore Pauline Schneider.
Il est d’autant plus effrayant de constater que le réarmement se fera financièrement aux dépens de la Coopération internationale (CI). Après un long hic autour du financement, qui s’est avéré à plusieurs reprises irréalisable, les deux Chambres ont opté pour cette compensation. Pauline Schneider ajoute : « La CI, l’un des principaux piliers de la Suisse humanitaire, joue un rôle important dans la prévention des conflits. Si celui-ci est victime du réarmement militaire, ce n’est rien d’autre qu’une déclaration de faillite ».
Appel contre le réarmement
Au cours des débats sur le message sur l’armée, le GSsA a distribué de la bière sans alcool aux parlementaires avec l’inscription « Vous êtes bourrés ? Nous avons besoin d’une analyse sobre des menaces ! ». Cela s’est fait dans le cadre de l’appel contre le réarmement lancé par le GSsA. Déjà 2’000 personnes ont signé l’appel demandant une analyse sobre et objective de la menace. « La Confédération elle-même considère qu’une attaque contre la Suisse est improbable. En revanche, la Suisse est mal préparée à des menaces telles que les catastrophes naturelles, les conséquences de la crise climatique ou les pandémies », explique Pauline Schneider.
Car celle-ci ne s’exprime pas par des sommes d’argent illimitées et arbitraires. Pauline Schneider explique : « Les attaques continues contre le service civil, l’assouplissement de la loi sur le matériel de guerre ou la diffusion de contre-vérités concernant l’effectif de l’armée en font tout autant partie. Nous voulons que ces circonstances fassent partie du débat public et ne restent pas derrière des portes closes ».