Ce matin, le Seco a publié les nouveaux chiffres concernant les exportations de matériel de guerre. Certes ces chiffres sont inférieurs à ceux du premier trimestre 2020, année record pour les exportations d’armes. Mais ils demeurent extrêmement élevés en comparaison avec les années précédents.
Durant les trois premiers mois de cette année 2021, la Suisse a exporté du matériel de guerre pour un montant de 204’352’568 francs suisses. Ce montant reste extrêmement élevé en comparaison avec l’année 2019. Certes, ces chiffres sont inférieurs à ceux du premier trimestre 2020 (394’210’191 CHF), année record pour les exportations d’armes. Mais ils demeurent largement supérieurs à ceux des années précédentes, représentant par exemple une augmentation de 66% par rapport à l’année 2019. Ce premier trimestre reste donc une autre triste indication qu’il est grand temps de réguler plus strictement ce marché.
Durant ce premier trimestre, nous avons pu constater des exportations massives d’armes en faveur de nombreux pays impliqués dans des guerres, telle que la terrible guerre civile qui ravage le Yémen. Au total, les États belligérants au Yémen ont obtenu des armes pour 11 millions de francs, dont des armes d’une valeur de 7,5 millions pour la seule Arabie Saoudite. Cette dernière a notamment acheté des armes et munitions d’une valeur de plus d’un million de francs. De leur côté, les Émirats arabes unis ne sont pas en reste avec plus d’un million d’armes de tous calibres, plus de 20 fois ce qu’ils avaient reçu en 2020.
Autre destination éminemment problématique : le Brésil. Des armes de tous calibres y ont été exportées pour plus d’un demi-million en armes, montant incomparable à 2020 et extrêmement inquiétant étant donné que les droits humains y sont régulièrement bafoués. Pour, Thomas Bruchez, co-secrétaire du GSsA, « les exportations massives d’armes de tous calibres dans des pays actifs dans des guerres civiles ou violant les droits humains est extrêmement problématique et fait de la Suisse un complice de ces violences ».
Ces chiffres continuer à donner tort à l’industrie de l’armement qui argumente toujours en faveur de plus d’assouplissement pour les critères d’exportation. Ils montrent l’importance de plus de régulation, et confirment donc l’urgence de plus de contrôle, comme notamment proposé par l’initiative correctrice. « Nous avons urgemment besoin d’un contrôle plus strict, afin de ne pas bafouer les droits humains au nom d’une prétendue compétitivité économique en matière d’armement » conclut Pauline Schneider, co-secrétaire du GSsA.