08.08.2023. Les géants suisses des matières premières comme Glencore ou Trafigura réalisent des bénéfices historiques se comptant en milliards suite à la guerre en Ukraine – les derniers chiffres semestriels le soulignent. Avec un impôt sur les bénéfices de guerre, la Suisse pourrait apporter une contribution importante à la répartition équitable de ces bénéfices de guerre.
Avant le début de la guerre, des groupes suisses de matières premières comme Glencore ou Trafigura avaient rempli le trésor de guerre de Poutine grâce au commerce de pétrole russe. En cette deuxième année de guerre, ils font également partie des plus grands bénéficiaires des conséquences de cette crise humanitaire. Les derniers chiffres le confirment : Le bénéfice semestriel de 4568 millions de dollars annoncé aujourd’hui montre que Glencore continue d’empocher de confortables bénéfices, plus d’une année après le début de la guerre. En 2022, Glencore a réalisé un bénéfice record de 17’320 millions de dollars. En 2023, le bénéfice a diminué en raison des fluctuations de prix, de l’inflation et de la baisse des prix de l’énergie, comme l’a indiqué le groupe lui-même. Néanmoins, il est trois fois plus élevé que la moyenne des années précédentes. Trafigura se dirige cette année vers une autre année record avec un bénéfice semestriel de 5’500 millions de dollars. Les négociants en matières premières agricoles comme Bunge ou Archer Daniels Midland ont également enregistré des bénéfices semestriels de plusieurs milliards de dollars.
Rares sont les négociants qui gardent les milliards de la guerre dans leurs coffres. Ainsi, les groupes de matières premières ne se contentent pas de verser de généreux dividendes à leurs actionnaires, mais les investissent également dans d’ambitieux projets de fusion. « Avec les bénéfices illégitimes de la guerre, les négociants en matières premières renforcent stratégiquement leur pouvoir sur le marché. Dans le contexte des crises où des millions de personnes sont menacées par la faim, la pauvreté ou le manque d’approvisionnement énergétique, c’est tout simplement cynique », commente Géraldine Viret de Public Eye.
Avant le début de la guerre, plus d’un tiers des revenus de l’Etat russe provenait du commerce du pétrole et du gaz. Selon les estimations de l’ONG Public Eye, jusqu’à 60% du commerce de pétrole russe passait par la Suisse en 2021 – par des entreprises discrètes qui apprécient depuis toujours la politique fiscale basse et les lacunes légales du pays. En tant que plaque tournante des sources d’énergie russes et paradis fiscal des groupes de matières premières, la Suisse porte une part de responsabilité historique dans cette guerre et a une dette envers l’Ukraine.
Pour l’alliance « Imposer les bénéfices de guerre », il est donc clair que la Suisse doit introduire un impôt sur les bénéfices de guerre pour les surprofits liés à la crise. Pauline Schneider du GSsA précise : « Un impôt sur les bénéfices de guerre peut contribuer à atténuer les conséquences sociales et économiques de la guerre en Ukraine. C’est une mesure de redistribution de ceux qui profitent particulièrement des crises à ceux qui en souffrent particulièrement ».
En mai déjà, l’alliance « Imposer les bénéfices de guerre » avait demandé au Parlement, dans une lettre ouverte qui compte aujourd’hui plus de 6800 signataires, d’introduire un impôt sur les bénéfices exceptionnels et d’utiliser ces fonds pour la reconstruction civile et écologique de l’Ukraine. L’initiative parlementaire 22.457 du conseiller national Balthasar Glättli sera vraisemblablement traitée lors de la session d’automne. Celle-ci demande que les bénéfices de guerre soient imposés au moyen d’une taxe sur les bénéfices exceptionnels et représente un premier pas important vers l’introduction d’un impôt sur les bénéfices excédentaires. « Les entreprises de matières premières ont rempli le trésor de guerre de Poutine avec leurs activités néfastes pour le climat. « Les entreprises de matières premières ont rempli le trésor de guerre de Poutine grâce à leurs activités néfastes pour le climat, et une taxation de ces bénéfices liés à la crise est attendue depuis longtemps », explique Mathias Schlegel de Greenpeace.