Madame Scandale aux commandes

L’attention habituelle portée aux élections au Conseil fédéral nous a presque fait oublier qui est devenue Présidente de la Confédération cette année. Viola Amherd n’est pas innocente et nous devons dire les choses comme elles sont. Par Joris Fricker

Viola Amherd est valaisanne et donc aimée de toutes et tous par définition. Elle est une personne plutôt timide et elle est appréciée en tant que politicienne, parce qu’elle incarne la Suisse comme personne d’autre. Et si on se présente comme une personne bien sympathique, on peut sans problème faire des petites magouilles par derrière, quitte à faire l’un ou l’autre faux-pas plus ou moins grave. Les grands perdants sont le GSsA et la population suisse. 

Les F-35 : ce scandale du siècle dont personne ne parle

En Suisse, si une initiative est déposée avec plus de 100’000 signatures valables et qu’elle n’est pas mise aux voix après, cela peut avoir plusieurs raisons : soit elle n’est pas valable juridiquement, soit un contre-projet qui “tient la route” a été élaboré et le comité d’initiative a retiré son initiative pour cette raison. Il n’est arrivé que très rarement qu’aucun de ces deux scénarios ne se soit produit et que l’initiative n’ait pas été soumise au peuple. Et lorsque cela s’est produit, les scandales n’étaient pas loin. Mi-février encore, Viola Amherd assurait dans le Message sur l’armée qu’elle attendrait le résultat de notre initiative Stop F-35. Quelques mois plus tard, toutefois, elle annonçait avec assurance qu’elle signerait le contrat d’achat pour ces jets à plusieurs milliards avec Lockheed Martin après le OUI du parlement. À la suite de cela, nous avons finalement retiré notre initiative. Dans tout cela, Mme Amherd ne s’est pas contentée de ne pas tenir parole. Elle a volontairement contourné une décision démocratique. Bien possible que dans d’autres pays, cela aurait provoqué une crise d’Etat. Mais pas en Suisse, où, de la presse bourgeoise aux campagnes électorales, personne n’a rien dit. Personne ne veut parler de cet immense scandale et il n’est donc pas très étonnant qu’au vu de cela, Viola Amherd ait été réélue avec un score bien respectable. 

Une orgie du surarmement

Mme Amherd garde cette même mentalité et ce manque de respect à l’encontre de la “minorité” politique dans le peuple et le parlement lorsqu’il s’agit de la politique de (sur)armement. Madame Amherd a donc fait couler l’initiative Stop F-35 et, dans le même temps acheté plus d’armes pour l’armée qui, soit dite en passant, a plus d’effectifs qu’elle n’avait le droit d’en avoir, le tout avec l’aval des politicien·nes bourgeois·es. Eh oui, Viola Amherd n’a pas froid aux yeux : il semblerait que Thomas Süssli, le Chef de l’Armée, puisse faire la liste de courses de l’Armée et la présenter gaiement aux médias. En même temps, la Ministre de la défense fait tout pour empêcher une réduction des coûts de l’armée. Ceux-ci sont censés augmenter pour atteindre 1% du PIB d’ici 2035. Si économiser il faut, alors sur le dos de la protection sociale, mais surtout pas dans l’armée.

RUAG et co : chaos et favoritisme

Et comme si tout cela ne suffisait pas, la Présidente de la Confédération brille également par des scandales plus petits. Si quelqu’un peut, par sa seule signature, empêcher des décisions relevant de la démocratie directe, il ne lui arrivera pas grand chose si l’organisation de la RUAG est tellement chaotique que des vieux chars (dont 15 avaient été oubliés) sont vendus à double, ou que le beau-frère de l’une des plus proches collaboratrices de la Ministre est le président du Conseil d’administration de la RUAG. Une chose est sûre : l’année présidentielle de Viola Amherd a de quoi devenir un véritable cirque. Reste à savoir si la presse s’y intéressera. Compte tenu des dernières évolutions, ce n’est que peu probable. 

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