Neutralité et commerce de matières premières

Grâce à sa neutralité, la Suisse est devenu un pôle du commerce de matières premières – aussi du commerce indécent.

Ce n’est pas le commerce de matières premières dans sa totalité qui est suspect. Et jusqu’à l’annexion de la Crimée en 2014, il en allait de même pour les liens commerciaux avec la Russie. Par contre, les entreprises qui servent directement les intérêts de Poutine comme Gazprom ou Rosukrenergo à Zoug ou Gunvor à Genève l’était bel et bien, tout comme Crown Resources, qui appartient à des oligarques russes. Cette entreprise pétrolière basée à Zoug avait l’habitude d’affréter des pétroliers moribonds. L’un d’entre eux, qui, ironiquement, portait le nom de Prestige s’était retrouvé en avarie en automne 2002 au large de Finisterre, polluant toute la côte atlantique jusqu’au Sud de la France. L’entreprise moscovite Crown Ressources s’était implanté à Zoug en raison de la présence de la Marc Rich AG, ancien nom de Glencore. Ces deux entreprises avaient de forts liens commerciaux avec l’Est, ce qui incluait la livraison de pétrole soviétique dans le régime d’Apartheid, malgré le Boycott et grâce à la neutralité.

L’étendue de l’indécence dont font preuve ces entreprises s’est montré en 2006. À l’époque, l’autocrate russe a mené une guerre gazière contre l’Ukraine. En plein milieu de l’hiver, il a ordonné l’interruption des livraisons de gaz grâce à deux entreprises zougoises, Gazprom et Rosukrenergo. Nous, les Alternatifs zougois nous sommes distancés de ces entreprises et avons critiqué la politique fiscale bourgeoise. Gerhard Pfister avait alors proposé d’envoyer une délégation entièrement bourgeoise à Berne après ces critiques contre des entreprises et le modèle zougois. C’est l’auteur de ce texte que visait le Conseiller national PDC. Luzian Franzini, député au Conseil cantonal zougois, a résumé la situation dans le dernier numéro en date du Bulletin (mars 2023) : “Tandis que les Alternatifs zougois se distancient de la mafia de l’Est, notamment en soutien à l’Ukraine, Pfister se distanciait de cette critique et demandait la non-réélection d’un critique notoire. Aujourd’hui, Pfister se présente comme grand ami de l’Ukraine.

L’actuel président du Centre n’a également jamais critiqué Glencore, cette entreprise qui a aidé à combler un trou financier de 11 milliards pour Poutine en 2016. Cette aide était particulièrement indécente, car une grande grande partie est passée dans les caisses de guerre russes et équivaut à 1300 fois la valeur de 12’400 obus pour canons antiaériens. Leur réexportation étant interdite, Pfister a demandé en avril 2022 : “À partir de quel point la neutralité est-elle indécente ?”. S’agit-il d’un lapsus freudien ?