Note médiocre : le budget de l’armée est gonflé sur le dos d’autres domaines importants

19.12.2024 – Les Chambres fédérales se sont mises d’accord sur un budget. Constat : très médiocre. Le budget du DDPS est gonflé sans planification au détriment d’autres tâches de l’Etat. Le GSsA surveillera de près le DDPS sur la manière dont les moyens financiers alloués sont dépensés et envisagera toutes les voies possibles de la démocratie directe pour combattre un tel réarmement insensé.

Le budget fédéral 2025 et le plan financier pour les années 2026-2028 ont été adoptés aujourd’hui. Sans surprise, le Conseil national et le Conseil des Etats ont décidé d’augmenter massivement le budget de l’armée. Pendant des mois, l’armée s’est plaint de ses problèmes d’argent à grand renfort de publicité, bien que les dépenses de l’armée n’aient cessé d’augmenter au cours des 20 dernières années. Dans le même temps, le DDPS s’est livré à un exercice anxiogène avec le rapport d’une commission d’étude présentant des scénarios d’horreur afin de légitimer les énormes plans de réarmement. « Le fait que le réarmement de l’armée se fasse sur la base de la peur est très problématique. Cela rend impossible une discussion politique de fond sur les scénarios de menace réels et les investissements judicieux dans notre sécurité », déclare Pauline Schneider, secrétaire politique du GSsA.

La critique du GSsA s’articule essentiellement autour de trois points :

  1. Gonflement sans planification du budget de l’armée sans idées de financement
    « La vache sacrée est sur-financée, mais sans que ses soutiens ne sachent exactement d’où viendra l’argent », explique Pauline Schneider. D’une part, la manière dont les fonds alloués seront dépensés n’est pas claire ni transparente. L’augmentation du budget de l’armée à 1% du PIB manque de toute rationalité, comme le montre de manière exemplaire le fait que le Conseil national n’a donné au Conseil fédéral le mandat de rédiger une image cible d’une armée capable de se défendre qu’au cours de la session d’hiver actuelle. D’autre part, on ne sait toujours pas comment le financement sera réalisé après 2025 : Tant le marchandage sur la TVA pour l’introduction d’un pourcentage de sécurité que le détournement des fonds cantonaux de la réforme de l’impôt minimum de l’OCDE sont loin d’être en ordre.
     
  2. D’autres domaines fédéraux souffrent
    C’est uniquement parce que le budget de l’armée est si massivement augmenté que des économies doivent être faites dans divers autres domaines. « Le fait que le Parlement ait eu dans son viseur la coopération internationale est fatal en termes de politique de sécurité concrète et constitue une rupture avec la tradition humanitaire de la Suisse », déclare Pauline Schneider.
     
  3. Des priorités absurdes
    Dans le débat médiatique sur le budget de l’armée, des arguments tels que les investissements dans la cybersécurité ou l’aide en cas de catastrophe ont été régulièrement avancés au cours des derniers mois. En y regardant de plus près, on découvre pourtant ces mensonges: les dépenses pour l’Office fédéral de la cybersécurité représentent un dérisoire 0,25% du budget total du DDPS et les investissements auprès de l’Office fédéral de la protection de la population vont diminuer de 26% dans les années à venir. La population a manifestement été trompée par de telles promesses. Dans le même temps, les investissements dans l’armement augmentent rapidement. « Il s’agit manifestement d’une mauvaise définition des priorités, qui méconnaît nos besoins réels en matière de sécurité », déplore Pauline Schneider.

Pour le GSsA, il est clair que la majorité de droite du Parlement fait de la politique sans tenir compte de la volonté de la population. Année après année, l’étude « Sécurité » publiée par l’Académie militaire de l’EPFZ montre que la grande majorité des Suisse-esses considèrent que les dépenses de défense de la Suisse sont trop élevées ou tout à fait correctes. Près de 75% des personnes interrogées ne veulent pas d’une augmentation du budget de l’armée. Dans ce sens, on comprend pourquoi une proposition de soumettre le message sur l’armée au référendum a déjà été combattue lors de la session d’automne.

L’année prochaine, le GSsA suivra le DDPS de très près : Avec le programme Air2030, l’acquisition des avions de combat F-35 qui y est liée, les investissements dans les chars, les mortiers et autres matériels d’armement, ainsi que divers projets informatiques dont la dérive des coûts se dessine déjà maintenant, le GSsA continuera à s’engager par tous les moyens contre le réarmement insensé et pour une politique de paix forte.

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