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“Une Suisse sans armée” n°32, hiver 1996, p. 21
De la lutte contre la subversion…
L’Ecole militaire des Amériques, située aujourd’hui en Géorgie aux USA, a formé 60’000 stagiaires depuis sa fondation en 1964. Cette école était destinée à la formation des officiers et des policiers des dictatures latino-américaines. Le département de la défense des Etats-Unis a admis récemment (Le Monde du 25 septembre 1996) que les manuels utilisés pour l’enseignement recommandaient “l’emploi de la torture, les exécutions sommaires, le chantage, et toutes formes de violences pour extorquer aux opposants politiques des renseignements.” On se souvient peut-être du Manuel psychologique qu’utilisait la CIA pour lutter contre le peuple nicaraguayen, il préconisait l’utilisation du terrorisme par la “contra”, les rebelles anti-sandinistes. Nous avons maintenant la confirmation que l’enseignement de la torture était dispensé à une large échelle par l’armée américaine.
…aux missions humanitaires de l’ONU!
Depuis plusieurs mois, les médias canadiens ont publié de nombreux articles et commentaires, sur des cas de tortures perpétrés par des casques bleus canadiens. Leurs forfaits ont finalement amené le ministre canadien de la défense à démissionner!
Les faits principaux remontent à 1993, lorsque l’armée canadienne participe à une mission de l’ONU en Somalie. Des troupes d’élite sont chargées de protéger des convois d’aide humanitaire. Selon Le Monde du 14 novembre, “(…) à Belen Huet, le 4 mars 1993, des soldats canadiens tuent un Somalien qui tentait de pénétrer dans l’enceinte de leur camp pour voler de la nourriture. Quelques jours plus tard, ils en capturent un autre, le ligotent et le torturent à mort. Deux autres civils sont tués dans des circonstances non élucidées.” Face aux enquêteurs, les officiers canadiens ont joué l’obstruction en dissimulant des papiers compromettants. Dans les médias canadiens, circulèrent également des documents qui effarèrent l’opinion publique: cassettes vidéo montrant les séances d’initiation immondes et sadiques auxquelles se livraient régulièrement les soldats du régiment aéroporté. D’autres photos et cassettes montraient la présence au sein des troupes de nombreux éléments d’extrême droite, prônant la suprématie blanche. Ces révélations, qui ne furent pas relayées par la presse helvétique, entraînèrent la dissolution du régiment d’élite.
Avec la divulgation au grand jour de ces pratiques,les langues commencent à se délier. Des militaires canadiens en poste en Bosnie se seraient rendus coupables «d’inconduite» à l’hôpital psychiatrique de Bakovici, de violences envers les patients et de relations sexuelles avec les infirmières, en violation du règlement, etc.
Il y a maintenant plusieurs années que l’ancien officier nazi Kurt Waldheim ne préside plus aux destinées de l’ONU, mais force est de constater que d’ignobles attitudes règnent chez les missionnaires casqués onusiens…chargés de protéger les missions humanitaires!
Daniel Kunzi