Au cours des derniers mois, Viola Amherd a pris des décisions qui signifient un rapprochement implicite de la Suisse à l’OTAN.
Le Conseil fédéral a pris des mesures qui intensifient la collaboration de la Suisse avec l’OTAN, et ce sans l’accord du parlement ou échange avec la population. Cette façon de procéder pose de vraies questions quant à la neutralité. Car l’intensité de la collaboration entre la Suisse et l’OTAN est une question hautement politique et ce débat doit être mené publiquement.
Un rapprochement avec l’OTAN en catimini
En avril de cette année, le Conseil fédéral décidait de l’adhésion suisse à l’initiative European Sky Shield (ESSI), synonyme d’un rapprochement avec l’OTAN. Une fois de plus, aucune discussion politique n’avait été menée autour de la sécurité et la neutralité de la Suisse au préalable. Ceci n’est pas sans nous rappeler l’acquisition des F-35, processus durant lequel la population n’avait pas été suffisamment impliquée. La Suisse devrait enfin se concentrer sur une politique de paix conséquente et active, au lieu de se rapprocher discrètement de l’OTAN, ce qui n’est rien d’autre qu’une promesse vide de davantage de sécurité qui entache la crédibilité de notre pays en tant qu’Etat neutre.
Autre décision du Conseil fédéral en mars : la non-adhésion de la Suisse au TIAN, le traité de désarmement nucléaire le plus important actuellement. En ces temps de menace nucléaire, cette décision est honteuse. En ne signant pas cet accord, le Conseil fédéral s’oppose par ailleurs à une décision parlementaire de 2019, où le législatif chargeait de gouvernement d’entamer le processus de signature et de ratification du TIAN. Ce deuxième exemple nous montre de nouveau l’importance d’une vraie discussion sur le rôle de la Suisse dans la politique de sécurité et les affaires étrangères.
Pas d’exercices de défense mutuelle avec l’OTAN
Nous aurons toutefois eu droit à une bonne nouvelle de la part du Conseil national, qui a décidé de ne pas autoriser l’armée à participer à des exercices de défense avec l’OTAN. En y participant la suisse se serait encore rapprochée davantage des structures militaires de l’OTAN, ce qui aurait remis en question sa neutralité. Malheureusement, le Conseil des Etats n’a pas suivi le National sur cette question. Nous n’avons donc toujours pas de ligne rouge claire sur la question de savoir à quel point la Suisse peut coopérer avec l’OTAN tout en restant militairement neutre.
Manque de démocratie au DDPS
La création d’une commission d’étude sur la politique de sécurité par le DDPS est un autre exemple de la façon de procéder contestable de la Ministre de la défense. À l’origine, cette commission devait livrer une analyse globale de la politique de sécurité en Suisse. Sa composition majoritairement bourgeoise et proche du DDPS, ainsi que ses méthodes de travail laissent toutefois penser qu’il s’agit là simplement d’un moyen de légitimer des décisions prises en amont et donc la stratégie pro-OTAN de Viola Amherd. Le DDPS manque donc à dessein une occasion de procéder à une véritable analyse indépendante de l’orientation de la politique suisse de sécurité.
Les chimères d’un rapprochement avec l’OTAN
Les arguments en faveur d’un rapprochement avec l’OTAN se basent souvent sur des présuppositions peu réalistes et sur des illusions. Celles·eux qui défendent ce rapprochement prétendent souvent que c’est une façon d’augmenter la sécurité de la Suisse. Ce faisant, iels ignorent le fait que, par le passé, la neutralité a été positive pour la Suisse. En se rapprochant de l’OTAN, la Suisse pourrait se retrouver empêtrée dans des conflits internationaux, ce qui endommagerait sa crédibilité. C’est pour cette raison que le GSsA tient à mettre en garde contre ces chimères et demande un retour à la politique de neutralité
Les débats actuels autour de la politique de sécurité esquissent grosso modo deux scénarios d’avenir : l’adhésion à l’OTAN ou une Suisse sans armée qui s’engage pour une politique de paix active. L’histoire et la situation géopolitique actuelle plaident clairement pour le deuxième scénario. Abandonner la neutralité est impensable d’un point de vue de la Realpolitik, tant elle fait partie intégrante de la Suisse. Il semble donc plus réaliste qu’une Suisse sans armée s’engage pour un droit international fort et pour un monde sûr et stable. Cette suisse sans armée investirait ses ressources pour la paix et contribuerait ainsi fortement à la prévention civile des conflits et aux efforts de maintien de la paix. Ainsi, elle augmenterait non seulement la sécurité à l’intérieur du pays, elle contribuerait également activement au maintien de la paix dans le monde.
En conclusion, il est inquiétant de voir à quel point Viola Amherd agit de façon peu démocratique. Il est en effet essentiel que la population et le parlement soient impliqué·es dans des décisions de cette envergure. Nous demandons donc un débat ouvert et transparent sur la situation sécuritaire et que l’analyse des menaces soit enfin abordée de façon neutre.