Pas de « Game of Drones » suisse

Selon les médias, Armasuisse et des participants de l’industrie suisse des drones prévoient un programme de drones kamikazes Des objets volants sans pilote seraient équipés d’explosifs, s’approcheraient de cibles et les détruiraient à distance. Le Groupe pour une Suisse sans armée critique vivement ce projet et met en garde contre ses conséquences. Il demande à la Confédération de stopper le programme prévu et de mettre plutôt en œuvre son engagement promis pour le désarmement des systèmes d’armes létales autonomes (SALA).

Les journaux ont rapporté hier qu’au début du mois, la Confédération a présenté à une centaine de personnes de l’industrie des drones des plans pour un programme suisse de drones kamikazes. Ces engins volants – équipés de quelques kilogrammes d’explosifs – doivent se diriger sans pilote vers des cibles ennemies et les détruire. Les images et les vidéos hallucinantes de telles armes qui nous parviennent actuellement d’Ukraine glacent le sang : De tels objets volants, en partie télécommandés, en partie autonomes, sans contrôle humain, chassent sans relâche leurs cibles. Ce qui n’était connu jusqu’ici que dans des films d’action dystopiques est aujourd’hui une réalité.

Le GSsA désapprouve ce projet pour deux raisons : il est risible de prétendre que de tels drones doivent servir exclusivement à la sécurité nationale. Tant le directeur d’Armasuisse, Urs Loher, que le chef de l’armée, Thomas Süssli, admettent voir dans ce programme l’opportunité d’une « nouvelle industrie de l’armement ». La question de savoir si les drones doivent être exportés n’est donc pas à l’ordre du jour. Il est profondément condamnable que la Suisse n’assume pas sa responsabilité éthique et veuille immédiatement transformer des technologies avancées en matériel de guerre. « Il est irresponsable de mettre l’esprit d’innovation suisse au service de la guerre moderne au lieu de suivre ses propres principes moraux », estime Pauline Schneider, secrétaire politique du GSsA. « Cela signifierait en effet s’engager soi-même à ne pas utiliser de telles technologies à des fins militaires ».

Par ailleurs, pour le GSsA, une chose est sûre : même si Loher et Süssli affirment que les drones ne sont pas créés dans le but d’être autonomes, une semi-automatisation ou une automatisation complète de tels systèmes d’armes est une conséquence inévitable. Aujourd’hui déjà, il apparaît dans la guerre en Ukraine que les missiles radiocommandés sont inutiles et seront remplacés par des systèmes autonomes. D’un point de vue pragmatique, seuls les drones autonomes rempliront une utilité militaire d’ici quelques années. « Il est naïf de croire que le projet de drones kamikazes se fixera une limite de sa propre initiative », explique encore Pauline Schneider. “Les drones kamikazes télécommandés ne sont qu’un simple prélude aux drones dotés de systèmes autonomes. Le fait que ces appareils soient équipés ultérieurement de systèmes autonomes est inévitable et ne pourrait plus être stoppé depuis la Suisse ». Pour le GSsA, il est clair que ce projet de drone se transformera à moyen terme en un programme de systèmes d’armes létales autonomes et il demande donc à la Confédération de traduire enfin en actes ses vaines promesses d’interdire les SALA et de développer massivement son engagement en matière de droit international pour un désarmement dans ce domaine.

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