Pour un monde sans armes nucléaires !

Le 6 août 1945, le monde entrait dans l’ère nucléaire avec le bombardement atomique de la ville d’Hiroshima, provoquant une destruction d’une ampleur jamais vue auparavant et la mort immédiate et tragique de 150’000 personnes, et ce sans compter la multiplication des cas de cancer dans les années qui suivront. Depuis, la menace nucléaire n’a jamais disparu et n’a bien au contraire fait qu’augmenter : de nouveaux pays faisant le choix de l’acquérir tout en augmentant la taille de leur arsenal jusqu’à atteindre des potentiels de dévastation inimaginables.

Aujourd’hui, 78 ans plus tard, neuf puissances militaires (Russie, États-Unis, Chine, Grande-Bretagne, France, Israël, Inde, Pakistan et Corée du Nord) s’emploient encore et toujours à moderniser leurs arsenaux nucléaires en construisant de nouvelles installations de production et en améliorant leurs armes nucléaires.

En 2022, ces gouvernements ont consacré environ 83 milliards de dollars à ce renforcement. Les menaces publiques de déclanchement d’une guerre nucléaire sont devenues plus fréquentes, par les voix de Donald Trump, Kim Jong-un et Vladimir Poutine. Nous assistons présentement à un relâchement du tabou qui entourait les armes nucléaires et leur utilisation. Cette évolution, extrêmement alarmante, augmente d’autant plus le danger mortel auquel l’humanité entière est déjà sujette. Nous vivons effectivement aujourd’hui dans une époque où le risque d’utilisation d’une de ces armes est au plus haut depuis des décennies. Le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, l’a d’ailleurs bien fait savoir lors d’une conférence en 2022 lors de laquelle il a annoncé que « Aujourd’hui, l’humanité est à une erreur de calcul de l’anéantissement nucléaire ».

Nous avons donc jusqu’à maintenant été particulièrement chanceux, mais cette chance pourrait ne pas durer éternellement. Pour éviter une catastrophe nucléaire imminente, les nations non nucléaires ont ainsi proposé un traité sur l’interdiction des armes nucléaires. Adopté lors d’une conférence des Nations unies en juillet 2017 à une très large majorité (122 pays), le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) interdit de développer, tester, produire, acquérir, posséder, stocker et menacer d’utiliser des armes nucléaires.

Le TIAN est entré en vigueur en janvier 2021 et, bien que toutes les puissances nucléaires s’y soient opposées, il a été signé jusqu’à présent par 92 pays et ratifié par 68 d’entre eux. Il est évident que l’interdiction des armes nucléaires est donc plébiscitée par une large partie de la planète, prise en otage par une poignée d’Etats refusant de lâcher le pouvoir de destruction que leur apporte cette arme.

Le refus du Conseil fédéral en 2018 d’approuver le traité TIAN, malgré un vote favorable des Chambres fédérales, apparaît plus qu’étrange pour un pays se déclarant officiellement neutre sur la scène internationale. Ce d’autant plus que la Suisse avait activement participé à l’élaboration du TIAN avant de soudainement mettre en attente toute décision de signature et de ratification du traité. Cette opposition aligne la Suisse aux grandes puissances nucléaires mondiales. Cet alignement est manifestement opposé à une politique active de recherche du maintien de la paix hors du chantage militaire de la dissuasion nucléaire pratiqué par ces mêmes grandes puissances.

La presse a récemment révélé que ce manque de volonté du Conseil fédéral s’expliquait en fait par des pressions de la part de l’OTAN. Cette situation totalement inacceptable n’a pourtant pas manqué de convaincre Viola Amherd, Conseillère fédérale en charge du Département de la Défense, qui est aujourd’hui radicalement opposée à toute signature du TIAN par la Confédération. La volonté de la Suisse de se rapprocher de l’OTAN pourrait donc aller jusqu’à lui faire perdre toute la réputation et la crédibilité humanitaire qu’elle s’était construite, et ce depuis le 19e siècle. Ceci est intolérable et il est nécessaire de pousser le Conseil fédéral à signer et ratifier le TIAN.

En cas de menaces nucléaires il reste des possibilités de dissuasion par la défense civile non-violente quand toutes les mesures diplomatiques ont été épuisées. La présence de l’ennemi dans le pays rend l’utilisation de l’arme nucléaire improbable et la non-coopération et la désobéissance civile des citoyens leur rend la vie impossible, comme l’ont montré plusieurs exemples pendant l’occupation soviétique.

Néanmoins, l’arsenal nucléaire existant reste gigantesque et effrayant. Ces équipements permettent actuellement de détruire entièrement la planète et représentent une menace inacceptable. C’est le sommet de la barbarie.

Les moyens matériels et financiers pour maintenir un tel arsenal apocalyptique détournent des ressources qui devraient être utilisées à des fins pacifiques, pour améliorer le niveau de vie de centaines de millions de personnes et pour lutter contre d’autres menaces bien plus réelles et immédiates, comme le réchauffement climatique.

Le retrait de la Russie du traité New Start et la guerre en Ukraine font que le risque d’utilisation de ces armes est aujourd’hui plus grand que jamais. C’est un risque trop grand pour être encouru. La planète entière est à la merci de la prochaine personne instable à atteindre le pouvoir ou cherchant à le maintenir dans l’une de ces puissances nucléaires, le seul véritable moyen de nous protéger est donc l’interdiction pure et simple de ces armes. Par conséquent, il est essentiel que le Conseil fédéral présente sans délai aux chambres fédérales le traité pour ratification comme cela a été demandé par celles-ci et par voie de pétition. Nous nous engageons dès à présent en faveur de la signature et de la ratification du TIAN, afin de nous rapprocher et d’un jour atteindre un monde libéré entièrement de la menace nucléaire. Nous nous rassemblerons donc le dimanche 6 août 2023 à 11h00 devant les Bains des Pâquis à Genève pour commémorer les 78 ans du lâcher de la bombe sur Hiroshima ainsi que pour afficher notre indignation et notre volonté d’adhérer au TIAN.

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