Rencontre à Berne : Une autre Europe au rendez-vous

“Une Suisse sans armée” n°32, hiver 1996, p. 19

Plus de vingt-cinq personnes représentant des groupes et organisations pacifistes d’une dizaine de pays, européens et non,* ont participé le 23 novembre dernier à Berne à une réunion internationale organisée par le GSsA autour du thème «l’Europe sans armées».Première rencontre de cette ampleur depuis longtemps, l’assemblée de Berne a été une occasion importante pour tous les mouvements représentés de se connaître d’abord, de comparer l’évolution du débat militaire dans les différentes sociétés nationales et d’ébaucher des tentatives d’actions communes ensuite.

Première rencontre de cette ampleur depuis longtemps, l’assemblée de Berne a été une occasion importante pour tous les mouvements représentés de se connaître d’abord, de comparer l’évolution du débat militaire dans les différentes sociétés nationales et d’ébaucher des tentatives d’actions communes ensuite.

Un seul paramètre de référence: l’OTAN

C’est ainsi que l’ensemble des participant/e/s ont mis en évidence la cohérence d’un processus de militarisation qui, au delà de certaines spécificités nationales, voit l’OTAN s’affirmer comme le pôle essentiel d’organisation de la « stabilité » en Europe. Que ce soit en Espagne ou en France, où la politique militaire se traduit par une participation accrue aux instances du traité de l’Atlantique Nord ou encore dans les pays issus de l’ancienne Yougoslavie à travers l’intervention en Bosnie ou en Europe de l’Est avec le partenariat pour la paix, l’Otan devient le paramètre de référence essentiel.

C’est dans ce cadre également que se profilent les essais de professionnalisation des armées selon des formes et des calendriers spécifiques à chaque pays : professionnalisation totale en France, partielle en Italie, accrue en Allemagne etc.

Une campagne commune contre la militarisation de la société

La convergence sur ce constat a par la suite permis d’aborder les angles d’une campagne européenne pour le désarmement et la nécessité de donner vie de manière plus structurée à des formes de coordination internationale. Si l’accord existe autour de la volonté d’une telle campagne commune, les axes qu’elle doit développer ainsi que les formes d’alliance avec des secteurs non antimilitaristes radicaux, restent à préciser, en raison notamment des différentes expériences nationales.

C’est d’ailleurs ce dernier aspect qui a été mis en évidence par la représentante des comités anti-guerre croates pour qui l’expérience récente des pays de l’ancienne Yougoslavie demande un effort particulier de délégitimation du discours militaire. Dans le même sens, le délégué italien a insisté sur le fait qu’il est impératif, dans un premier temps, de savoir regrouper toutes les forces qui seraient prêtes à porter ensemble si ce n’est le discours sur l’abolition des armées, du moins celui de la réduction massive de leur rôle dans la société.

D’autre part, l’élaboration d’axes communs, la discussion l’a montré, pose également le problème de l’intégration européenne au-delà de la simple UE actuelle, dans une perspective qui est celle d’une Europe non seulement de l’antimilitarisme et de la paix, mais aussi de la solidarité et du développement, de l’Atlantique à l’Oural, du cercle polaire aux rives sud de la Méditerranée.

Un nouveau rendez-vous

La demi-journée qu’a duré cette rencontre n’a pas permis de venir à bout de toutes ces questions. Elle a néanmoins renforcé la volonté de tous/tes les participant/e/s de donner une suite à ces débats sous la forme d’échanges de textes de discussion dans un premier temps et d’une nouvelle rencontre le 22 mars prochain. C’est à cette occasion que devra être décidé le lancement, en 97, d’une campagne commune de l’autre Europe, celle des forces de paix et de solidarité.

p.gi

* Les groupes suivants étaient représentés: Movimiento de los Objectores de Consciencia de l’Etat Espagnol, Union pacifiste de France, Internationale des résistants à la guerre (secrétariat de Londres et une déléguée australienne), Anti-War Campaign de Croatie (ARK), Aide aux médias indépendants en ex-Yougoslavie (Zurich et Sarajevo), Peace Boat (Japon), Campagne contre le service militaire (Berlin et Francfort), Convergenza pacifista (Italie) et, last but not least, GSsA (Zurich, Berne, Carouge et…Pâquis).

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