Résolution: Pour une Suisse humanitaire et solidaire

La Suisse se targue de ses traditions humanitaires. Pourtant, elle a encore contribué à presque toutes les guerres. Ainsi, un méchant bon mot de l’époque de la Seconde Guerre mondiale disait : « Nous travaillons six jours pour Hitler et le septième, nous prions pour les Alliés ». Certains Suisses comme Bührle ont également profité de ce travail. Aujourd’hui, Poutine fait la guerre avec des fonds et des biens qu’il doit en grande partie à la Suisse. Et même la Banque nationale investit dans la production de bombes atomiques. D’autres affaires de guerre, comme l’exportation de matériel de guerre, continuent de mieux prospérer que ce que les lobbyistes et les médias présentent.

La Suisse a effectivement vu naître des activités humanitaires, comme le Mouvement de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge ou la Genève internationale. Et elle a réalisé des choses positives en de nombreux endroits, par exemple dans le cadre des bons offices pour la promotion de la paix. L’exemple le plus récent est la conférence du Bürgenstock pour une paix juste en Ukraine.

Mais la guerre en Ukraine montre justement à quel point le rôle de la Suisse, en particulier de sa place de négoce de matières premières et de sa place bancaire, mais aussi de son industrie, est discutable. Après avoir rempli le trésor de guerre de Poutine à coups de milliards et équipé la machine de guerre de machines spéciales pour bombardiers, missiles et munitions, la Suisse a aujourd’hui beaucoup de mal à appliquer les sanctions de manière conséquente. D’énormes sommes d’argent des oligarques restent entre les mains des riches hommes de confiance de Poutine et donc à disposition de la guerre d’agression. Les embargos internationaux ne sont appliqués qu’à moitié. Et là où l’UE échoue par égard pour ses propres noyaux comme Total, la Suisse refuse de prendre des sanctions indépendantes. Un exemple est le gaz naturel liquéfié LNG (Liquid Natural Gas), dont la société zougoise Novatek a injecté 8 milliards en Russie rien que l’année dernière.

Il est de plus en plus clair que les discussions sur les armes de ces trois dernières années ne servent qu’à détourner l’attention du réarmement de Poutine et de l’aide financière d’autant plus nécessaire à l’Ukraine. Elles visent avant tout à assouplir la loi sur le matériel de guerre au profit des affaires plus lucratives avec les riches pays du Golfe.

A cela s’ajoute le fait que le Conseil fédéral et le Parlement ont également manqué l’occasion, lors de la guerre de Gaza, de se profiler en faveur du droit international humanitaire et des organisations de l’ONU. Au lieu de cela, il rend hommage à une pensée basée exclusivement sur une conception militaire de la sécurité. Les mesures d’austérité prises au détriment de la politique de développement montrent que cela fait obstacle à un engagement humanitaire de la Suisse. 

La coopération au développement – Pas de coupes claires pour un armement insensé

Comme si l’augmentation insensée, sans but ni plan, du budget de l’armée n’était pas déjà dévastatrice, le Conseil national a déjà décidé, lors de la session d’hiver 2024, de réduire massivement le budget de la coopération internationale au développement au profit du réarmement. L’argent est ainsi coupé exactement au mauvais endroit : la coopération au développement est l’un, voire le levier par lequel la Suisse, pays extrêmement prospère, peut assumer sa responsabilité globale et contribuer à la sécurité internationale. Le système de coopération internationale est suffisamment mis sous pression par la montée de l’isolationnisme dans le monde : la Suisse doit y faire contrepoids.

L’interdiction des armes nucléaires – Une étape importante vers le désarmement nucléaire et un engagement en faveur du droit international humanitaire

Le fait que le Conseil fédéral refuse toujours d’adhérer au traité de désarmement le plus important de notre époque – le traité d’interdiction des armes nucléaires (TIAN) – est une honte. Le Conseil fédéral tourne le dos à l’effort de désarmement le plus déterminant de notre vie – et ce, le soixantième anniversaire d’Hiroshima et de Nagasaki. Mais ce n’est pas tout : en ne soumettant pas le traité à la ratification du Parlement, il affaiblit l’ordre juridique international dans son ensemble. Soft Law se transforme ainsi peu à peu en Weak Law.

Contre la neutralité sans sanctions, pour une alternative de solidarité mondiale et de politique de paix

Dans le contexte de la guerre en Ukraine, l’UDC a lancé une initiative qui pousse à l’extrême une neutralité irresponsable en matière d’argent. En refusant les sanctions, la Suisse doit pouvoir faire des affaires avec tout le monde. Avec l’absolutisation et la militarisation de la « neutralité armée », qui serait pour la première fois inscrite dans la Constitution fédérale, la Suisse fait ses adieux politiques et humanitaires au monde. Au lieu d’être consacré à la solidarité, l’argent doit aller à l’armement.

Le manifeste Neutralité21 lancé contre l’initiative tente de sauver les affaires de la Suisse en la rattachant à l’OTAN. Il ne mentionne aucunement le rôle de la place de négoce des matières premières et des grandes banques dans le réarmement de Poutine. Il passe également sous silence le fait que la principale question de la Suisse en matière de politique de sécurité est son rôle de grande puissance dans le commerce des matières premières. Surtout, la Neutralité21 veut relancer le commerce et l’industrie de la guerre en assouplissant la loi sur le matériel de guerre.

Nos revendications

Pour que la Suisse puisse utiliser activement sa position sur la scène mondiale pour promouvoir la paix, il faut selon nous;

  1. Un système de sanctions rigoureux : pour que les belligérant·e·s n’aient plus les moyens de mener des guerres, la Suisse doit assumer sa responsabilité de carrefour économique international.
  2. L’adhésion de la Suisse au TIAN : le traité d’interdiction des armes nucléaires doit être signé immédiatement, non seulement en raison de ses conséquences directes, mais aussi de sa position particulière dans le droit international humanitaire.
  3. Un renforcement de la coopération internationale au développement : l’engagement de la Suisse en faveur de la coopération internationale est la meilleure politique de sécurité que la Suisse puisse mener.
  4. L’imposition d’une responsabilité contraignante des entreprises vis-à-vis de la plus puissante place de négoce de matières premières du monde. Celle-ci doit respecter les droits humains et environnementaux et servir la paix plutôt que la guerre.
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