Résolution: Réforme des modèles d’obligation de servir – abolir le service obligatoire !

La campagne de réarmement insensée du Conseil fédéral et du Parlement traverse toutes les institutions. L’obligation de servir est particulièrement touchée, avec des durcissements et des reculs massifs en perspective. Il est même question d’abolir le service civil. Un affaiblissement de la seule alternative valable à une armée inefficace et en plein chaos ? Notre sécurité mérite mieux que cela !

D’où venons-nous ?

Être soldat signifie, en cas d’urgence, laisser sa vie sur le champ de bataille et tuer lorsque l’on nous en donne l’ordre. La décision de servir est donc une décision profondément personnelle que chacun et chacune devrait prendre pour soi-même – et non pas une obligation de l’État. La Suisse reste l’un des seuls pays européens à avoir une obligation de servir et c’est un sujet qui préoccupe le GSsA depuis sa création.

La première initiative pour la suppression de l’armée aurait eu pour conséquence l’abolition de l’obligation de servir. L’échec de la première initiative d’abolition de l’armée en 1989 a cependant préparé le terrain sur lequel le service civil a pu être introduit en 1992.
La campagne pour la deuxième initiative de suppression de l’armée en 2001 a repris de manière proactive la discussion sur l’obligation de servir et son alternative, le service civil, et a exigé l’introduction d’un service civil volontaire pour la paix.

En 2013, la Suisse a voté sur une autre initiative du GSsA qui demandait l’abolition du service obligatoire. Le texte de l’initiative demandait en outre l’introduction d’un service civil volontaire.

En 2020, le GSsA était prêt, dans le cadre d’une alliance avec CIVIVA et d’autres organisations progressistes, à combattre l’affaiblissement du service civil (plus de détails ci-dessous) en six revendications concrètes par le biais d’un référendum. Cela a pu être empêché à la dernière seconde au Parlement, raison pour laquelle il n’y a jamais eu de votation populaire.

En 2021, le GSsA a exigé, dans une résolution également adoptée par l’assemblée générale, le rejet de l’initiative populaire « Service Citoyen », qui doit être soumise au vote en 2026. Le GSsA soutient encore aujourd’hui ce mot d’ordre. Nous nous rangeons sans aucun doute derrière un contre-projet qui exige une réduction du temps de travail au lieu d’un service citoyen.

Le GSsA se trouve dans un champ de tensions. La revendication de l’abolition de toute obligation de servir et la création d’un service civil volontaire font partie de notre ADN depuis le début. Le service civil est un acquis en ce sens qu’il crée une alternative civile à la contrainte d’un service militaire. Mais ces dernières années, les attaques contre le service civil se sont multipliées et des revers politiques massifs nous attendent. C’est pourquoi il s’agit aujourd’hui de repousser toutes les attaques contre le service civil, la seule alternative valable actuellement au service militaire.

Dans quelle direction allons-nous (et voulons-nous aller)

Une poignée de propositions sont à l’ordre du jour, qui constituent toutes une détérioration de la situation déjà insatisfaisante aujourd’hui. Toutes ont pour objectif de « garantir » le financement de l’armée, alors que celui-ci n’est pas menacé.

  1. Les personnes effectuant un service civil seront désormais obligées de suivre des cours de répétition dans la protection civile. La décision du Parlement à ce sujet a déjà été prise, la nouvelle réglementation doit entrer en vigueur en 2027.
  2. Suite à une intervention parlementaire de l’UDC (22.3055), le Conseil fédéral a soumis au Parlement une révision de la loi sur le service civil qui contient six mesures visant à affaiblir le service civil, lesquelles ont pu être empêchées avec succès au Parlement en 2020.
  3. La Commission de la politique de sécurité du Conseil national souhaite examiner la réintroduction de l’examen de conscience, sans aucune justification en matière de politique de sécurité ou de finances.
  4. L’introduction d’une journée d’orientation obligatoire pour les femmes est à l’étude.
  5. Le DDPS a examiné de nouveaux modèles de service au cours des dernières années. Les deux commissions de politique de sécurité demandent l’introduction la plus rapide possible d’un « service de sécurité obligatoire », qui reviendrait à supprimer le service civil. Quant à « l’obligation de servir en fonction des besoins » étendrait l’obligation de servir aux femmes.

Cette liste d’attaques permet d’observer un schéma récurrent :
Des modèles peuvent être observés à partir de ce catalogue d’attaques :
« Les femmes doivent entrer dans l’armée ». L’égalité ne signifie pas que les femmes doivent aller à l’armée, mais que tout le monde n’y est plus obligé. On ne tient pas compte du fait que les femmes accomplissent déjà aujourd’hui une énorme quantité de travail lié à la sécurité et à la société – notamment dans le domaine du travail de care. En outre, on ignore que plus de 90% des femmes dans l’armée subissent des violences sexuelles et des discriminations, ce qu’une étude interne d’octobre 2024 démontre de manière impressionnante. L’armée, qui prétend être responsable de notre sécurité, ne peut même pas commencer à garantir la sécurité de ses propres hommes.

L’armée fait preuve de peu d’autoréflexion. Chaque fois que l’on évoque le fait que l’armée enregistre de « nombreux » départs ou/et qu’elle manque prétendument de personnel, on examine et on prend des mesures qui ne concernent pas l’armée elle-même. C’est la mentalité du bouc émissaire qui s’applique : avant d’analyser si le problème prétendument dominant ne se situe pas devant sa propre porte, on cherche la raison chez le voisin. Cela explique le bouquet d’attaques politiques évoqué plus haut, qui ont toutes pour conséquence un affaiblissement massif, voire la suppression du service civil.

Nos revendications

Pour le dire en termes militaires : Le service civil est sous le feu permanent des critiques. Cela va de pair avec le renforcement de l’armée. En tant que GSsA, nous demandons donc :

  1. Faire preuve de raison et de décence politique ! Les attaques contre le service civil sont dénuées de tout fondement. Le service civil est un acquis de la liberté qui offre une alternative aux jeunes hommes ayant des conflits de conscience. Les civilistes effectuent un service 1,5 fois plus long et sont actuellement indispensables à notre société dans le domaine des soins, des écoles ou de l’environnement. Nier cela et accepter la suppression du service civil en haussant les épaules, c’est faire preuve de négligence. Nous nous opposerons à tout affaiblissement avec les moyens dont nous disposons.
  2. L’abolition du service obligatoire ! Nous devons nous éloigner de l’idée que l’État puisse contraindre des personnes à effectuer un service militaire. Nous pouvons certes être reconnaissants de pouvoir vivre ici, mais nous ne sommes jamais redevables de devoir prouver cette reconnaissance sous la forme d’un service obligatoire. Une société libre n’est libre que lorsqu’elle se libère des chaînes d’un service obligatoire. Nous voulons créer les bases d’une société dans laquelle les gens s’engagent pour quelque chose qui a du sens et qui leur semble utile.
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