Session d’été : l’hypocrisie autour des livraisons d’armes se poursuit 

Pas moins de trois objets concernant la modification de la loi sur le matériel de guerre seront traités par les deux chambres du Parlement lors de la session d’été. Le débat sur la réexportation de matériel de guerre suisse a pris entre-temps des allures chaotiques. Des interventions isolées ne seraient d’aucune utilité pour l’Ukraine, mais faciliteraient les exportations, par exemple vers l’Arabie saoudite. Le GSsA rappelle que la Suisse dispose de leviers pour soutenir efficacement l’Ukraine et que celle-ci a contribué à armer Poutine.

Trois initiatives parlementaires demandant une modification de la loi sur le matériel de guerre seront traitées lors de la session d’été. Les trois initiatives veulent suspendre, dans des circonstances différentes, la non-réexportation de matériel de guerre suisse. Au total, six interventions parlementaires visant à assouplir la loi sur le matériel de guerre sont aujourd’hui en suspens. Depuis environ six mois, le Parlement s’est engagé dans un débat laborieux sur les assouplissements possibles de la loi sur le matériel de guerre. Mais là où se trouvent les leviers centraux de la Suisse, le silence est frappant.

Soutenir efficacement l’Ukraine
Le GSsA s’oppose à tout assouplissement de la loi sur le matériel de guerre. Il ne s’agit ni de nier le droit de l’Ukraine à l’autodéfense, ni de ne pas la soutenir. Depuis le début, le GSsA a clairement condamné la guerre d’agression de Poutine et pose en outre une série de revendications pour affaiblir l’agresseur russe : sanctions, ouverture des procédures d’asile dans les ambassades, contributions plus élevées pour l’aide humanitaire, blocage des fonds des oligarques russes ou encore impôt sur les bénéfices excédentaires en faveur de la reconstruction de l’Ukraine. “La Suisse a de nombreuses possibilités de soutenir l’Ukraine plus efficacement que ne le fait la transmission de 12’000 munitions”, déclare Kilian Bello, secrétaire au GSsA. Avec le programme de soutien à l’Ukraine ou la création d’une task force pour le blocage des fonds des oligarques russes, des mesures bienvenues sont à l’ordre du jour de la session d’été de cette année.

Biens militaires pour la Russie
Après la sanction des entreprises russes lors de l’annexion de la Crimée en 2014, c’est le PLR – notamment sous l’impulsion de l’actuelle conseillère fédérale Karin Keller Suter – qui a rendu possible l’exportation de biens à double usage vers la Russie. Comme l’a montré la plateforme “InformNapalm”, plusieurs composants de biens à double usage suisses ont été utilisés du côté russe pendant la guerre ou ont servi à la fabrication de matériel de guerre russe comme des bombardiers et des missiles. On suppose que des munitions spéciales utilisées lors du terrible massacre de Butscha ont été fabriquées avec des techniques suisses. “Il est extrêmement hypocrite de la part du PLR d’exiger maintenant des assouplissements de la loi sur le matériel de guerre, après avoir largement contribué à ce que la Suisse participe à l’armement de Poutine”, ajoute Bello.

Les partis bourgeois veulent profiter de la situation pour approvisionner l’Arabie saoudite
La politique bourgeoise a prouvé à plusieurs reprises qu’elle ne se préoccupait pas en premier lieu de l’Ukraine. Des interventions comme celle de Thierry Burkart ou la dernière demande de la CPS-E révèlent clairement la motivation des partis bourgeois à aider massivement l’industrie de l’armement. La CPS-E souhaite maintenant affaiblir le contrôle démocratique de la loi sur le matériel de guerre et accorder à nouveau au Conseil fédéral de nouvelles échappatoires pour les livraisons d’armes à des pays en guerre civile et à des régimes violant les droits de l’homme, comme l’Arabie saoudite par exemple. Cette nouvelle motion de la CPS-E ne serait d’aucune utilité pour l’Ukraine. “Que l’on profite de la faveur de la guerre pour faire passer des décisions qui n’avaient jamais obtenu la majorité auparavant est hautement discutable du point de vue de la politique démocratique”, déclare Bello.