Un an de guerre

Rassemblement pour commémorer une année d’invasion russe en Ukraine

Le 22 février 2023, environ 200 personnes se sont rassemblées sur la Waisenhausplatz à Berne. Il faisait gris et froid, il pleuvait. Cependant, ce ne sont pas les conditions météo qui préoccupaient le plus les activistes pacifistes ce jour-là. Dans ce texte, nous attirons l’attention sur les endroits où se joue réellement une politique pacifiste antimilitariste conséquente. Anja Gada

Poutine pourrait-il encore financer sa guerre sans les milliards qui lui parviennent de Suisse ? Poutine pourrait-il encore faire décoller ses avions sans les machines suisse à double usage qui se trouvent dans leurs moteurs ? Voici les questions que Jo Lang a posées à la foule rassemblée le 22 février. Ces mêmes questions n’ont pas trouvé de réponse depuis le début de la terrible guerre d’agression russe contre l’Ukraine. La majorité bourgeoise au parlement fait tout son possible depuis février pour détourner l’attention de la responsabilité qui incombe à la Suisse dans cette guerre. Les discours tournaient autour de la livraison de munitions, de déclarations de non-réexportation, de livraisons de chars allemands ou de l’augmentation de la contribution de la Suisse à l’aide humanitaire, dont le montant est aujourd’hui si bas que ça en devient gênant. Ces même politicien·nes évitent élégamment les discussions autour de la place financière, le commerce de charbon et de pétrole, les milliards d’oligarques, l’exportation de biens à double usage et les liens commerciaux avec Poutine et son entourage.

Les 200 manifestant·es pacifistes rassemblé·es sur le Waisenhausplatz le 22 février en ont assez. Un an après le 24 février 2022, il est temps pour la Suisse de prendre ses responsabilités en tant que plaque tournante des fortunes d’oligarques et de matières premières russes. Avant le début de la guerre, environ un tiers des recettes d’État de la Russie provenait de l’exportation d’énergies fossiles, surtout de pétrole et de gaz. Selon l’ONG Public Eye, 60% de ces exportations transitent par la Suisse, par Zoug, Genève, Lugano ou Lucerne. Récemment, le Ministre américain des affaires étrangères a critiqué la Suisse. Selon Anthony Blinken, les sanctions ne sont pas appliquées assez strictement et la Suisse manque de volonté et de transparence concernant le gel des avoirs d’oligarques. 

Lorsque nous demandons un arrêt définitif du financement de guerre de la Russie, on nous remet à notre place en répondant que, au lieu de cela, l’aide humanitaire à l’Ukraine sera augmentée. La réalité nous rappelle toutefois que, compte tenu de sa richesse, la Suisse fait figure de lanterne rouge en ce qui concerne le soutien financier de l’Ukraine.

C’est l’une des nombreuses raisons qui font que les évènements tels que celui du 22 février sont absolument centraux. Nous devons continuer à attirer l’attention sur les aspects que les politiciens bourgeois aiment ignorer. Parlons de ce qui importe vraiment.