“Une Suisse sans armée” n°33, p. 7
Un contexte dangereux
Alors que l’armée se cherche une raison d’être, des ennemis supposés à l’extérieur ou à l’intérieur, en fait des menaces réelles pèsent sur le climat social, sur la conjoncture économique, sur l’environnement, contre lesquelles l’armée n’a pas de réponse. Les salaires des uns diminuent alors que les dividendes des autres augmentent, créant une disparité dangereuse. Des populations entières fuient des zones sinistrées par la guerre pour trouver refuge là où peu de gens sont disposés à les accueillir. La nature est assaillie quotidiennement et commence à modifier son équilibre dans un sens qui risque de ne pas nous être favorable. Les instances internationales s’émeuvent de ces situations et essaient de les prévenir par des accords , des conventions qui restent des voeux pieux. Dans le pire des cas elles envoient des casques bleus, les agences humanitaires, la Croix-Rouge. Ces mesures officielles restent bien vaines et n’empêchent pas les conflits de se reproduire ailleurs.
Des réponses appropriées
Face à la marginalisation des réfugiés, des jeunes, à l’exclusion des sans travail, sans-papiers, sans-domicile, à la pollution des lacs, des rivières, du sol, de l’air, l’armée ne peut rien faire. Par contre des ONG, mouvements et associations de la société civile alertent la population, témoignent par leur action des déséquilibres que ces situations engendrent et montrent des pistes pour s’en sortir. Ces organisations manquent de moyens en personnel, en argent, en matériel. Pour éviter les conflits ouverts, pour sauvegarder la nature et pour un développement durable il est nécessaire de fournir à ces organisations les moyens dont elles ont besoin pour anticiper et prévenir les conflits.
Un soutien bienvenu
Des jeunes gens et des jeunes filles sont disposés à s’engager pour mettre à disposition de ces organisations leurs capacités, leur formation spécifique si la Confédération leur en donne les moyens. C’est pourquoi parallèlement à l’initiative pour la suppression de l’armée nous lançons une initiative en faveur d’un Service pour la Paix. Il ne s’agit pas d’un embrigadement des jeunes dans des compagnies de travail volontaire ou d’un pool de spécialistes parachutés dans des zones de conflits mais des personnes engagées dans un travail avec des mouvements et associations de la société civile déjà actives sur un terrain conflictuel ou menaçant la sécurité.
Prévenir la violence
Il ne s’agit pas de calmer le jeu en favorisant des mesures lénifiantes mais de susciter une véritable prise de conscience citoyenne par le biais des associations des droits de l’homme, syndicales, tiers-mondistes, écologistes. Ces associations mènent des actions de sensibilisation en faveur de la réinsertion des chômeurs, de l’intégration des réfugiés, de la protection de la nature pour faire échec aux violences structurelles et réelles qu’ils subissent. Il s’agit donc d’un combat militant et nous souhaitons que cela soit reflété dans le texte de l’initiative. Les moyens utilisés par les associations sont non-violents c’est pourquoi il est indispensable que les volontaires reçoivent une formation de base à l’action et à la communication non-violente.
Vers des solutions durables
Le Service Civil pour la Paix vient donc renforcer l’action militante laquelle n’est pas subversive, n’en déplaise aux autorités, mais progressiste car elle indique des pistes à poursuivre. La solution aux problèmes sociaux, économiques, écologiques en fin de compte dépend de prises de position politiques, c’est à dire des gouvernements pour des mesures durables qui changent les structures. Le Service Civil pour la Paix comme les mouvements sociaux qu’il appuie ne peut pas se substituer au travail de l’Action Sociale, de la Santé Publique, de l’Office des Réfugiés, du Service de l’Environnement, de la Coopération au Développement. En ce sens il ne fait pas concurrence à l’emploi.
Michel MONOD