Une mystérieuse conférence de paix

Cette conférence est-elle un coup de pub ou une véritable tentative de mettre fin à la guerre en Ukraine ?

Les perspectives d’une victoire militaire en Ukraine, de l’une ou de l’autre partie, sont très minces. Compte tenu de la situation géopolitique actuelle, il est à craindre que l’Occident soit de moins en moins intéressé à soutenir des interventions militaires coûteuses contre la Russie. Et l’Ukraine, elle, voit d’un bon oeil tout événement qui contribue à ce que le reste du monde ne l’oublie pas.

Jusqu’à présent, la Suisse était plutôt hésitante et près de ses sous dans son soutien humanitaire de l’Ukraine. Elle a également pris beaucoup de retard sur d’autres pays. Pourquoi serait-elle donc tout à coup prête à organiser une conférence de paix cette année ? Probablement, parce que le Président ukrainien l’en a explicitement prié et que la Berne officielle veut montrer que les services de la Suisse continuent à être reconnus et appréciés durant des conflits violents

Cette conférence doit se tenir en 2024, probablement à Genève, mais toutes les options semblent ouvertes. Le Conseil fédéral semble en effet planifier au fur et à mesure. Le but déclaré de cette conférence est de définir une direction claire pour mettre fin à la guerre en arrivant à un consensus international sur les positions de départ. Ignazio Cassis a déclaré qu’il ne s’agissait pas de se contenter de ce que veut l’un ou l’autre acteur, mais plutôt d’arriver à un consensus international en la matière et de décider quand et dans quelle mesure la Russie doit être impliquée. 

Depuis deux ans, la Suisse est sur la liste des “Etats inamicaux” de la Russie, ce qui complique la chose. Moscou, pour sa part, continue d’accuser la Suisse de rester sur la lignée antirusse de l’Occident. Toujours selon Moscou, cela lui enlèverait toute crédibilité en tant que négociatrice neutre. 

Il est évident que la Suisse veut faire en sorte qu’autant de pays que possible participent, tout particulièrement parmi les pays du Sud global, qui se sont rabattus du côté de la Russie. D’une part, cela permettrait d’augmenter la pression vis-à-vis de Moscou. D’autre part, cela permettrait de créer des contacts qui feraient entrer les intérêts russes dans le débat. 

Le but de Volodymyr Zelensky semble être le rassemblement d’autant de pays que possible en mesure de soutenir sa propre formule de paix. Il avait déjà implicitement exclu la présence de la Russie en déclarant récemment que l’Ukraine était ouverte au dialogue avec celles et ceux qui respectent la souveraineté et l’intégrité territoriale du pays.

La position du GSsA dans cette question est claire : l’Ukraine a droit à un territoire indépendant et intact, tout comme sa population a le droit de vivre dans une société libre et non dans une autocratie russe. Evidemment qu’il serait positif que ce conflit se termine aussi rapidement que possible – mais pas si cela signifie que l’Ukraine doit renoncer à une partie de son territoire à cause de l’attaque de Poutine, qui viole le droit international. La Suisse, elle, pourrait encore en faire bien plus pour l’Ukraine que ce qu’elle ne fait déjà, notamment grâce à un impôt sur les bénéfices exceptionnels, une application stricte des sanctions et un positionnement clair sur les marchés financiers. Bref, cette conférence ne doit pas rester un coup de pub.