Il y a dix ans, nous votions sur l’achat des Gripen. La situation a certes changé, mais aujourd’hui encore, un projet d’achat d’un modèle précis de jets aurait très peu de chances de passer aux urnes.
Il ne fait aucun doute que le référendum sur le Gripen était l’un des plus grands succès du GSsA. Rappelons-nous, les Gripen étaient prévus pour remplacer les avions Tiger. Cela signifie que les Gripen auraient été achetés en plus des F-35 qui devraient maintenant remplacer les F/A-18. Grâce à notre campagne engagée, nous avons donc empêché des dépenses encore plus hautes pour l’armée de l’air, comme le DDPS les prévoit aujourd’hui.
En 2020, la population acceptait l’achat des successeurs des F/A-18 à 50,1 %, une très courte majorité qui relève presque du hasard. Durant leur campagne, les défenseur·euses des F-35 soulignaient sans cesse que les coûts de ces avions pourraient être intégrés aux budgets ordinaires. Entre-temps, il s’avère que ce n’est pas le cas.
Les sondages sont clairs
Aujourd’hui, même deux ans après l’invasion russe de l’Ukraine, le Conseil fédéral n’arrive toujours pas à mettre en évidence des scénarios concrets dans lesquels ces bombardiers furtifs arriveraient à rendre la Suisse plus sûre. Une chose est pourtant certaine : les ressources financières englouties par ces jets manquent dans de nombreux autres domaines, de la lutte contre la crise climatique à la formation en passant par les assurances sociales.
Selon un sondage annuel de l’Académie militaire de l’EPFZ, seuls 20,5 % des personnes en Suisse seraient en faveur d’une augmentation des dépenses militaires aujourd’hui. Par ailleurs, un sondage de la NZZ réalisé le 16 mars 2024 révèle que des économies dans le domaine de l’armée sont l’une des deux seules propositions de financement de la 13ème rente AVS qui puissent rassembler une majorité.
Manque de participation démocratique
Ces sondages témoignent du fossé entre la politique de surarmement au Parlement et la volonté démocratique. Au vu des menaces existentielles auxquelles nous faisons face, comme le changement climatique et la crise de la biodiversité, la population doit pouvoir décider quels domaines elle souhaite prioriser. Souvenons-nous, le Conseil fédéral n’avait déjà pas tenu sa promesse de laisser la population participer à la décision d’achat des F-35. Il existe en effet de bonnes raisons de croire que le F-35 serait encore moins populaire que le Gripen, car cet avion de chasse ne correspond pas du tout aux besoins de la Suisse, les coûts qu’il engendre sont beaucoup trop élevés et il présente plus de problèmes et de pannes. Bref, nous ne lâcherons pas l’affaire.